Passé colonial : La France doit s’excuser auprès de l’Algérie

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré samedi attendre des excuses de la France pour la colonisation de l’Algérie et estimé que son homomogue Emmanuel Macron était « quelqu’un de très honnête » susceptible de contribuer à ce climat d’apaisement.

Interrogé lors d’une interview à la chaîne internationale France 24 sur d’éventuelles excuses de Paris, il a répondu: « On a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas (…) On le souhaite ».

« Cela va permettre d’apaiser le climat et le rendre plus serein pour des relations économiques, pour des relations culturelles, pour des relations de voisinage », poursuit-il en rappelant que plus de six millions d’Algériens vivent en France et qu’ils « peuvent emmener quelque chose là-bas et ici ».

La France a fait un geste fort d’apaisement en matière de mémoire en restituant vendredi les restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.

Cette restitution offre une détente dans les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, marquées depuis l’indépendance en 1962 par des polémiques récurrentes et des crispations.

« Je trouve qu’avec le président Macron nous pouvons aller loin dans l’apaisement, dans le réglement du problème de la mémoire », estime le président Tebboune.

« C’est quelqu’un de très honnête, qui veut apaiser la situation (..) et permettre à nos relations de retrouver leur niveau naturel », a-t-il poursuivi, le qualifiant aussi de « très sincère », « très propre du point de vue historique ».

Lors d’une visite à Alger en décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s’était engagé à restituer les restes humains algériens entreposés au Musée de l’Homme. La même année, mais avant son élection, il avait qualifié à Alger la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ».

La question mémorielle reste au coeur des relations volatiles entre la France et l’Algérie, où la perception est que la France ne fait pas assez pour solder son passé colonial.

ENTERREMENT POUR LES PREMIERS « MARTYRS » ANTI-COLONIAUX

L’Algérie enterre dimanche, jour anniversaire de son indépendance, les restes de 24 insurgés anti-coloniaux remis par la France dans le carré des « martyrs » à Alger, alors que les deux pays semblent vouloir solder le passé douloureux de la colonisation.

Les 24 crânes de ces combattants tués au début de la colonisation française au XIXe siècle seront inhumés lors d’obsèques solennelles au cimetière d’El Alia, le plus grand d’Algérie, en présence du président Abdelmadjid Tebboune.

Situé dans la banlieue est d’Alger, il abrite le carré des « martyrs de la Révolution algérienne », où reposent l’émir Abdelkader, héros de la première résistance anti-française, les grandes figures de la guerre d’indépendance (1954-1962) et les anciens chefs d’Etat.

Les 24 cercueils, recouverts du drapeau national, devraient quitter vers 10H00 (09H00 GMT) le Palais de la culture, où ils sont exposés depuis leur arrivée sur le sol algérien vendredi, pour le cimetière.  

Une foule nombreuse s’est déplacée tout au long de la journée de samedi, une longue file d’attente s’est constituée, en dépit de la chaleur, afin de rendre un dernier hommage à ces héros nationaux rapatriés après 170 ans.

Certains hommes et femmes ont pleuré en se recueillant devant ces morts, selon des images diffusées par les télévisions.

« Je suis venu en tant que combattant, en tant qu’invalide de la guerre de libération (1954-1962), en tant que citoyen aimant son pays », a déclaré à l’AFP Ali Zelmat dit « Mokhlas » (son nom de guerre), âgé de 85 ans.

Ces restes mortuaires ont été conservés depuis le XIXe siècle dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

Colonisée pendant 132 ans (1830-1962), l’Algérie avait demandé officiellement la remise des crânes — plusieurs dizaines — et d’archives coloniales en janvier 2018.

Parmi les têtes des rebelles les plus illustres des débuts de la colonisation, figurent celles de cheikh Bouziane, le chef de l’insurrection des Zibans, dans l’est de l’Algérie, en 1849, et de ses compagnons d’armes. Capturés par les Français, ils avaient été fusillés puis décapités.

Les crânes étaient considérés comme des « trophées de guerre » par les militaires français.

« Un autre pas »

Leur restitution par la France est un signe fort d’un dégel dans les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, marquées depuis 1962 par des polémiques récurrentes et des crispations.

« Ce geste s’inscrit dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de notre histoire », a commenté vendredi l’Elysée.

Lors d’une visite à Alger en décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s’était engagé à restituer les restes humains algériens entreposés au Musée de l’Homme, un des sites du Muséum national d’histoire naturelle.

La même année, mais avant son élection, il avait qualifié à Alger la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ».

La question mémorielle reste au coeur des relations conflictuelles entre la France et l’Algérie, où la perception est que la France ne fait pas assez pour se repentir de son passé colonial.

Interviewé samedi par la chaîne internationale France 24, le président Tebboune a estimé qu’il fallait « affronter le problème de la Mémoire qui hypothèque beaucoup de choses dans les relations entre les deux pays ».

Quant à d’éventuelles excuses de Paris, M. Tebboune a répondu: « On a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas (…) On le souhaite ».

« Cela va permettre d’apaiser le climat et le rendre plus serein pour des relations économiques, pour des relations culturelles, pour des relations de voisinage », a-t-il expliqué.

Les députés algériens viennent d’adopter une loi « historique » instaurant une journée de la Mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises à Sétif et dans le Constantinois (est).

Alger veut aussi remettre sur la table le dossier des « disparus » pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) –plus de 2.200 selon Alger — et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui « ont fait et continuent à faire des victimes ».

ACCUEILLE SOLENNELLEMENT POUR LES PREMIERS « MARTYRS » ANTI-COLONIAUX

Tapis rouge, haie d’honneur, son du tambour et du canon. L’Algérie a récupéré vendredi lors d’une cérémonie militaire les restes de 24 de ses combattants tués au début de la colonisation française au 19e siècle, après leur restitution par la France, un geste d’apaisement dans les relations bilatérales volatiles.

Un Hercules C-130, transportant les restes mortuaires – des crânes-, s’est posé sur l’aéroport Houari Boumédiene à Alger en début d’après-midi, accompagné par des chasseurs Sukhoï Su-30 de l’armée algérienne.

Les cercueils, conservés depuis le 19e siècle dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, ont été accueillis solennellement par le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le nouveau chef d’état-major Saïd Chengriha.

Recouverts du drapeau national, les cercueils des 24 « chouhada » (martyrs) ont été lentement portés par des soldats munis de masques sanitaires, au son de 21 coups de canon.

« Les sirènes des bateaux rugissent dans le port d’Alger vrai moment d’émotion dans une ville incroyablement silencieuse », a twitté au même moment un internaute.

Accompagnés par un cortège de motards, les cercueils ont été ensuite acheminé au Palais de la Culture, où ils resteront exposés pendant toute la journée de samedi.

Le ministère des Moujahidine (Anciens combattants) a appelé la population à venir se recueillir devant les restes — tout en respectant la distanciation physique, pandémie oblige .

« Les héros de la Révolte populaire reviennent sur les terres pour lesquelles ils ont sacrifié leur vie », s’est félicité le chef des armées, Saïd Chengriha, en fustigeant « le visage hideux du colonialisme ».

Les crânes seront enterrés dimanche, jour anniversaire de l’Indépendance, dans le « carré des Martyrs » au cimetière d’El Alia à Alger, où sont inhumés les grandes figures de la guerre d’indépendance.

Leur restitution par la France est un signe fort d’un dégel dans les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, marquées depuis 1962 par des polémiques récurrentes et des crispations.

« Ce geste s’inscrit dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de notre histoire », a commenté vendredi l’Elysée.

« Réconciliation des mémoires »

« C’est le sens du travail que le Président de la République a engagé avec l’Algérie et qui sera poursuivi, dans le respect de tous, pour la réconciliation des mémoires des peuples français et algérien », a ajouté la présidence française.

Colonisée pendant 132 ans (1830-1962), l’Algérie avait annoncé vendredi par la voix de M. Tebboune le retour « des dépouilles de 24 chefs de la Résistance populaire », des « héros qui ont affronté l’occupation française brutale, entre 1838 et 1865, et que l’ennemi sauvage a décapités en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer ».

Ce n’est qu’en janvier 2018 que l’Algérie avait demandé officiellement à la France la remise des crânes — plusieurs dizaines — et des archives coloniales.

Lors d’une visite à Alger en décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s’était engagé à restituer les restes humains algériens entreposés au Musée de l’Homme, un des sites du Muséum national d’histoire naturelle.

La même année, mais avant son élection, il avait qualifié à Alger la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ».

« Pages sombres »

C’est un historien algérien, Ali-Farid Belkadi, qui a soulevé en 2011 la question des crânes après des recherches au musée. Il déplorait alors que les crânes soient « calfeutrés dans de vulgaires boîtes cartonnées, qui évoquent les emballages de magasins de chaussures ». Une critique réfutée par la direction du musée.

Plusieurs pétitions signées notamment par des historiens avaient réclamé le retour de ces restes en Algérie.

« A travers ce genre de geste, la France redécouvre son Histoire. Cela contribue à sortir de l’oubli des pages sombres de notre histoire », a affirmé à l’AFP l’historien Benjamin Stora.

« Il y a un mouvement mondial de réappropriation de l’histoire des peuples et la France ne peut pas passer à côté de ça », a-t-il estimé.

La question mémorielle reste au coeur des relations conflictuelles entre la France et l’Algérie, où la perception est que la France ne fait pas assez pour solder son passé colonial.

Les députés algériens viennent d’adopter une loi « historique » instaurant une journée de la Mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises à Sétif et dans le Constantinois (est).

Alger veut aussi remettre sur la table le dossier des « disparus » pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) -plus de 2.200 selon Alger- et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui « ont fait et continuent à faire des victimes ».

Ce geste d’apaisement — sans précédent — intervient en plein débat sur les exactions des anciennes puissances coloniales dans le monde après la mort de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis.

(avec Afp)

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