Depuis que le Tchad a adopté mi-mars des mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus, la classe moyenne confinée replonge dans la pauvreté. Dans ce pays enclavé d’Afrique centrale, dès le lendemain de l’annonce du premier cas de coronavirus, le 19 mars, le gouvernement avait ordonné une série de mesures relativement strictes pour le pays. A ce jour, les autorités disent n’avoir détecté qu’un peu moins de 900 cas de coronavirus mais déplorent officiellement 74 décès, pour un peu plus de 15 millions d’habitants. Fermeture des universités et des écoles, des lieux de culte, de certains commerces… Si aucun confinement total de la capitale n’a été ordonné, ces mesures, même si elles sont moins draconiennes que dans de nombreux Etats, ont suffi à déstabiliser l’économie de ce pays resté parmi les plus pauvres de la région, malgré l’exploitation de ses ressources pétrolières depuis le début des années 2000. Si certains commerçants établis commencent à sombrer, les Tchadiens plus pauvres, qui subsistent d’ordinaire grâce à des petits boulots, se retrouvent dans le plus grand dénuement. Selon la Banque mondiale, la croissance de 2,9% prévue en 2019 pourrait devenir une récession de 3,1%, et le taux de pauvreté grimper de 40 à 43% de la population.
Les fonctionnaires et les employés qui se donnaient rendez-vous dans cet établissement situé sur un des principaux axes routiers de la capitale tchadienne, ou dans les autres restaurants du quartier commerçant de Gassi, ont déserté le Petit Bassam, également appelé Chez Ramses.
Le maître des lieux passe ses journées seul avec son cuisinier, à pianoter sur son téléphone.
Dans ce pays enclavé d’Afrique centrale, dès le lendemain de l’annonce du premier cas de coronavirus, le 19 mars, le gouvernement avait ordonné une série de mesures relativement strictes pour le pays. A ce jour, les autorités disent n’avoir détecté qu’un peu moins de 900 cas de coronavirus mais déplorent officiellement 74 décès, pour un peu plus de 15 millions d’habitants.
Fermeture des universités et des écoles, des lieux de culte, de certains commerces… Si aucun confinement total de la capitale n’a été ordonné, ces mesures, même si elles sont moins draconiennes que dans de nombreux Etats, ont suffi à déstabiliser l’économie de ce pays resté parmi les plus pauvres de la région, malgré l’exploitation de ses ressources pétrolières depuis le début des années 2000.
« Difficile de joindre les deux bouts »
Et, pour la plupart des commerçants et des employés, qui constituent la classe moyenne de N’Djamena, impossible de compter sur un quelconque système de solidarité nationale ou sur des économies personnelles.
Au petit Bassam, M. Ramses peine désormais à nourrir ses quatre enfants. « J’ai pu supporter les deux premières semaines de la crise », explique-t-il, « mais, actuellement, on ne peut pas manger trois fois par jour comme avant. On survit grâce à la solidarité ».
Même ton morose dans le reste de Gassi, où de rares passants portent parfois le masque, pourtant obligatoire, ou le kadamoul, le traditionnel turban qui coiffe les hommes, descendu pour l’occasion jusque sur la bouche. Les mesures de distanciation sont peu respectées.
Les gens ont d’autres soucis. « Nous avons des difficultés à couvrir nos charges, il est difficile de joindre les deux bouts », se plaint Gervais Léonard Mbaidanem, gérant d’un cybercafé de Gassi, déserté par les étudiants, ses principaux clients, depuis que leurs cours ont été suspendus.
Un peu plus loin, Saleh Idriss Moussa est propriétaire d’une papeterie, à quelques mètres du palais de justice. A 35 ans, relativement à l’aise avant le Covid-19, il ne peut plus faire face depuis: son chiffre d’affaires quotidien a chuté de 1,5 million de francs CFA (environ 2.300 euros) à 35.000 francs CFA (50 euros).
« Avec les recettes, je n’arrive même pas à payer le salaire d’un seul employé », déplore-t-il.
40% de pauvreté
Si certains commerçants établis commencent à sombrer, les Tchadiens plus pauvres, qui subsistent d’ordinaire grâce à des petits boulots, se retrouvent dans le plus grand dénuement.
Halil est « clando », c’est-à-dire conducteur de taxi-moto. Avant le coronavirus, dans un jour faste, il pouvait tout juste compter sur un revenu de 4.500 francs CFA (moins de 7 euros). « Maintenant, c’est difficile, j’ai du mal à gagner 2.000 francs CFA pour payer la location de ma moto », se désole-t-il.
Comme les commerçants avec pignon sur rue, il espère que le gouvernement va bientôt assouplir les mesures de confinement qui ruinent une économie déjà déprimée.
Selon la Banque mondiale, la croissance de 2,9% prévue en 2019 pourrait devenir une récession de 3,1%, et le taux de pauvreté grimper de 40 à 43% de la population.
Petite lueur d’espoir fin juin: les lieux de culte et les universités peuvent rouvrir.
Le gouvernement avait assuré que des aides financières seraient versées à la population.
« Le plan de riposte économique » annoncé par le chef de l’Etat Idriss Déby Itno, le 14 avril, « d’un montant de 943 milliards de francs CFA (environ 1,5 million d’euros), n’a pas produit les résultats escomptés », déplore l’économiste Kebir Mahamat Abdoulaye.
(avec Afp)