Enquête : Le président de la BAD sous pression

Selon un communiqué diffusé mercredi, Mary Robinson présidera le panel d’experts chargé de l’enquête indépendante sur les accusations de prévarication contre le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina. M. Adesina, 60 ans, élu en 2015 à la tête de la BAD, fait l’objet depuis le début de l’année d’une série d’accusations embarrassantes, divulguées dans la presse en avril. Le Bureau de la BAD a exprimé « son entière confiance » dans le panel qui sera « présidé par Mme Robinson » et composé de « personnes ayant une expérience et une intégrité professionnelle incontestables, ainsi qu’une réputation internationale avérée ». Le bureau devra rendre son rapport « dans une période de deux à quatre semaines maximum », selon le texte.

L’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson présidera le panel d’experts chargé de l’enquête indépendante sur les accusations de prévarication contre le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina, seul candidat à sa réélection, selon un communiqué diffusé mercredi soir.

« Le Bureau (du Conseil des gouverneurs de la BAD) a retenu Mme Mary Robinson, M. Hassan B. Jallow et M. Leonard F. McCarthy pour former un panel d’experts indépendants de haut niveau en vue de mener » l’enquête, selon le texte signé notamment par Kaba Nialé, présidente du Bureau et ancienne ministre ivoirienne.

M. Adesina, 60 ans, élu en 2015 à la tête de la BAD, fait l’objet depuis le début de l’année d’une série d’accusations embarrassantes, divulguées dans la presse en avril.

Le Bureau de la BAD, l’une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde, a exprimé « son entière confiance » dans le panel qui sera « présidé par Mme Robinson » et composé de « personnes ayant une expérience et une intégrité professionnelle incontestables, ainsi qu’une réputation internationale avérée ».

Le bureau devra rendre son rapport « dans une période de deux à quatre semaines maximum », selon le texte.

Présidente de l’Irlande de 1990 à 1997, Mme Robinson, avocate de profession, a ensuite été Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme de 1997 à 2002.

Le juge Hassan B. Jallow a été procureur général, ministre de la Justice et président de la Cour suprême en Gambie. Il a aussi été juge à la Cour d’appel du Tribunal spécial pour la Sierra Leone et procureur auprès du Tribunal pénal international des Nations Unies pour le Rwanda (TPIR), selon le communiqué de la BAD. 

Vice-président pour l’intégrité à la Banque mondiale pendant neuf ans, Leonard F. McCarthy a été directeur des poursuites pénales, directeur du Bureau des infractions économiques et chef de la Direction des opérations spéciales de l’Afrique du Sud, selon le communiqué.

Accusations de favoritisme

Dans un rapport, des lanceurs d’alerte accusent notamment à M. Adesina de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.

Des accusations réfutées par M. Adesina, premier Nigérian à diriger la BAD depuis sa création en 1964, qui clame son « innocence », et qui avait rapidement été disculpé par la Banque sur la foi d’un rapport de son comité d’éthique interne.

Mais les Etats-Unis, deuxième actionnaire de la BAD après le Nigeria, ont exigé fin mai le lancement d’une enquête indépendante, remettant en cause le travail du comité d’éthique et provoquant une sérieuse crise dans l’institution panafricaine.

Alors que sa réélection semblait assurée il y a six mois, avec le soutien de l’Union africaine et après une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars réussie en octobre 2019, la position de M. Adesina, ancien ministre nigérian de l’Agriculture, apparaît désormais de plus en plus fragile. 

ADESINA DISCULPÉ

Le panel d’experts indépendants dirigé par Mary Robinson a validé lundi la disculpation totale du président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina d’accusations de mauvaise gestion par le comité d’éthique interne, selon son rapport dont l’AFP a obtenu copie.

« Le panel est d’accord avec le comité (d’éthique de la BAD) dans ses conclusions sur les allégations contre le président et estime qu’elles ont été correctement examinées et rejetées par le comité », conclut le panel dans son rapport adressé lundi à la BAD.

Ce panel de trois experts, dirigé par l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson, avait été chargé début juillet par le conseil des gouverneurs de la BAD d’une « revue indépendante » sur le travail du comité d’éthique de l’institution basée à Abidjan, qui avait totalement blanchi M. Adesina de multiples et embarrassantes accusations portées par des « lanceurs d’alerte » anonymes.

Ce feuilleton médiatico-financier qui dure depuis avril, lorsque les accusations ont fuité dans les médias, a déstabilisé l’institution panafricaine de développement, et particulièrement son président, élu en 2015 et seul candidat à sa succession, prévue fin août.

M. Adesina, 60 ans, ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria, s’est dès le début vigoureusement défendu, rejetant en bloc toutes les accusations et clamant son « innocence ».

Le panel, dirigé par Mme Robinson, avocate de profession qui a aussi été Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme de 1997 à 2002, a considéré que les seize accusations qui visaient M. Adesina avaient été correctement examinées par le comité d’éthique de la BAD, au regard des règlements et procédures internes de la Banque, considérant notamment que les lanceurs d’alerte n’avaient pas apporté de preuves.

Image ternie

Mais Mme Robinson et les deux autres experts, le magistrat gambien Hassan B. Jallow et le Sud-Africain Leonard F. McCarthy, ancien vice-président pour l’intégrité à la Banque mondiale, n’ont pas enquêté sur les accusations elles-mêmes, ce qui n’était pas leur mandat.

Les Etats-Unis, deuxième actionnaire de la BAD après le Nigeria, avaient exigé fin mai le lancement d’une enquête indépendante sur ces accusations, remettant en cause le travail du comité d’éthique qui avait disculpé M. Adesina quelques semaines plus tôt. Avant de se ranger à la position du conseil des gouverneurs de la BAD, favorable à une simple « revue ».

Les lanceurs d’alerte, qui se présentaient comme des « employés préoccupés de la BAD », accusaient M. Adesina d’enrichissement personnel, de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.

Si le rapport du panel d’experts indépendants va évidemment soulager M. Adesina, ces accusations ont cependant terni l’image du flamboyant président de la BAD, dont la réélection semblait assurée au début de l’année, avec le soutien de l’Union africaine et après une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars réussie en octobre 2019.

En interne, la gestion du personnel menée par M. Adesina a causé des remous depuis cinq ans, entrainant le départ de nombreux cadres de la BAD, l’une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde.

Créée en 1964, elle compte 80 pays actionnaires (54 pays africains et 26 non africains, d’Europe, d’Amérique et d’Asie). Elle est la seule institution africaine cotée triple A par les agences de notation financière.

(avec Afp)

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