Agressions sexuelles : Ghislaine MAXWELL arrêtée et inculpée de trafic de mineures aux USA

Ghislaine Maxwell, l’ex-collaboratrice du financier new-yorkais défunt Jeffrey Epstein, accusé de multiples agressions sexuelles sur mineures, a été arrêtée aux Etats-Unis, ont annoncé jeudi plusieurs médias américains. Selon les chaînes ABC et NBC, qui citent des sources des forces de l’ordre, la fille du magnat britannique des médias Robert Maxwell a été arrêtée dans l’Etat du New Hampshire et inculpée de trafic de mineures.

Ghislaine Maxwell, l’ex-collaboratric de Jeffrey Epstein, accusée par plusieurs des victimes présumées de ce dernier d’avoir aidé à les recruter, a été arrêtée jeudi aux Etats-Unis et inculpée de trafic de mineures, près d’un an après le suicide en prison du financier new-yorkais.

La fille de l’ex-magnat britannique Robert Maxwell, 58 ans, un temps la petite amie de Jeffrey Epstein, a été arrêtée « sans incident » dans la ville de Bradford, dans le New Hampshire, a indiqué à l’AFP un porte-parole du FBI de Boston. Elle devait être présentée à un juge fédéral dans la journée.

Selon l’acte d’accusation, elle sera inculpée formellement de six chefs, notamment d’incitation à des actes sexuels illégaux et d’avoir « aidé, facilité et contribué aux agressions sur mineures de Jeffrey Epstein », de 1994 à 1997.

Elle est aussi accusée d' »avoir menti de façon répétée » lors d’un témoignage sous serment dans le cadre d’un procès au civil en 2016, ce qui lui vaut deux chefs d’inculpation pour faux témoignage. 

L’acte d’accusation cite trois victimes présumées, identifiées uniquement par des numéros, toutes mineures à l’époque des faits, et indique qu’elles ont été amenées par Ghislaine Maxwell dans les résidences du financier à Manhattan, en Floride au Nouveau-Mexique, ainsi que dans la résidence de Mme Maxwell à Londres, avant d’être agressées sexuellement. 

Le seul chef d’inculpation pour incitation à des actes sexes illégaux pourrait lui valoir la prison à perpétuité en cas de condamnation. 

« Recrutées »

Le bureau du procureur de Manhattan a annoncé une conférence de presse à midi (16h00 GMT) pour présenter les chefs retenus contre cette femme qui figurait en tête de liste des complices présumés du financier depuis que ce dernier s’est suicidé dans sa prison en août 2019. 

Plusieurs victimes présumées de Jeffrey Epstein avaient indiqué avoir été « recrutées » par Ghislaine Maxwell, au prétexte de massages notamment.

L’arrestation de Ghislaine Maxwell, détentrice de plusieurs passeports, est un rebondissement majeur dans ce scandale retentissant: Jeffrey Epstein était une figure de la jet-set internationale, dont le carnet d’adresses comptait de nombreuses célébrités en Europe et aux Etats-Unis, y compris le prince Andrew ou l’ex-président américain Bill Clinton, avant qu’il soit arrêté puis qu’il se pende dans sa cellule new-yorkaise en août 2019.

Mme Maxwell avait disparu de la circulation depuis l’arrestation du financier. De nombreuses rumeurs avaient couru, relayées par les tabloïdes britanniques, sur les endroits où elle pourrait se trouver, mais les enquêteurs new-yorkais étaient toujours restés muets sur son sort ou sur l’éventualité de son arrestation.

Les enquêteurs, qui avaient promis de traquer tous les éventuels complices de Jeffrey Epstein, s’étaient notamment concentrés sur le prince Andrew, deuxième fils de la reine Elizabeth II, l’accusant de faire semblant de vouloir coopérer avec la justice américaine dans cette affaire.

Il est sommé depuis des mois de s’expliquer sur ce qu’il savait des activités de Jeffrey Epstein, une affaire qui empoisonne la couronne britannique.

Dans des documents judiciaires publiés en août 2019, une femme, Virginia Roberts, affirme avoir eu des relations sexuelles avec le prince, auxquelles Epstein l’aurait contrainte, lorsqu’elle avait 17 ans.

Le duc d’York a toujours démenti ces allégations, mais la publication d’une photo, montrant Virginia Roberts à cette époque enlacée par le prince, a alimenté toutes les spéculations, ainsi qu’un cliché montrant le prince en train de se promener à New York avec le financier alors même que ce dernier avait déjà été condamné et emprisonné pour prostitution en 2008.

LA FAMILLE MAXWELL, LOURD HÉRITAGE DE GHISLAINE

Ghislaine Maxwell porte le lourd héritage d’une famille dominée par la personnalité hors du commun de son père, Robert, noyé en mer dans des circonstances mystérieuses en laissant derrière lui un retentissant scandale financier et la chute de son empire de presse

Accusée d’avoir procuré de très jeunes filles, certaines mineures, à son ami le financier Jeffrey Epstein, Ghislaine, 58 ans, reprend la triste tradition des gros titres autour d’une famille qui a alimenté la chronique dans les années 90.

Le père

Robert Maxwell a une vie digne d’un roman, et d’ailleurs plusieurs livres ont été écrits sur lui. Il a été tour à tour soupçonné de travailler pour les services secrets britanniques, israéliens et soviétiques.

Fils de paysans juifs slovaques tués par les nazis, il rejoint la résistance à 16 ans et finit par rejoindre l’armée britannique, qui lui donne son nom. Arrivé en Grande-Bretagne en 1940 sans le sou, il crée l’un des plus grands groupes de presse et de communication au monde.

A son apogée, dans les années 1980, il emploie 16.000 personnes dans une multitude de sociétés dont le groupe de presse britannique Mirror, la maison d’édition américaine Macmillan et les écoles et éditions de langues Berlitz.

Député travailliste de 1964 à 1974, personnage autoritaire et patron aux méthodes controversées, il fréquente les grands de ce monde: Reagan, Bush, Gorbatchev…

« Il pouvait être extrêmement charmant mais aussi verbalement très brutal en réunion. Il était parfois tyrannique », soulignait son fils et collaborateur Kevin.

Point final de cette vie haute en couleur, il tombe de son yacht, le Lady Ghislaine, du nom de sa fille chérie, au large des Canaries en novembre 1991, emportant son mystère final avec lui: suicide? accident? meurtre? 

Pour Ghislaine, « il ne s’est pas suicidé »: « Cela ne cadre pas avec sa personnalité », expliquait-elle au magazine Hello en 1997. « Il a été assassiné ».

Sa mort met au jour un trou de plus de 400 millions de livres dans le fonds de retraites de ses employés, utilisés pour renflouer les sociétés déficitaires de son empire.   

Pour la famille, c’est le second choc et la brutale descente aux enfers: en un mois, « Bob » passe de génie des affaires à escroc, la City lui tourne le dos. 

La mère

Elisabeth Maxwell, une Française d’origine lyonnaise de famille protestante, a rencontré son mari juste après la guerre et partagé sa vie pendant 46 ans. Ils ont eu neuf enfants.

Elle ne cessera de le défendre après sa mort, qui la laisse désemparée et sans ressources. « C’était un homme énorme, énorme dans tous les sens du terme, un homme au cœur énorme. C’est pour cela que les gens l’enviaient », expliquait-elle au Times en 1991, rappelant sa jeunesse pauvre et ses parents assassinés par les nazis.

Mme Maxwell a déjà alors travaillé plusieurs années sur l’Holocauste, ayant décidé au départ de retracer le sort de la famille de son mari.

Elle continue sans relâche après sa mort à donner des conférences sur l’Holocauste et à soutenir le dialogue entre chrétiens et juifs. « C’est ce que mon mari aurait voulu », dit-elle. 

Elle décède en France en 2013, à l’âge de 92 ans.

Les fils

Deux fils de Maxwell ont travaillé étroitement avec lui, Ian et Kevin, son cadet de trois ans mais le numéro deux du groupe de son père. Et ils vont devoir rendre des comptes à sa place après sa mort, lors d’un long procès pour complicité de fraude au détriment des caisses de retraite de l’empire du magnat.

Après avoir fait partie de la jeunesse dorée et insolente de la City, Kevin entre dans les annales judiciaires en étant déclaré le plus gros failli de Grande-Bretagne par un tribunal londonien, pour 406 millions de livres. Contraint de vendre sa maison de Chelsea, quartier chic de Londres, il se retire avec sa femme Pandora et leurs quatre enfants dans son cottage près d’Oxford.

Son épouse a déclaré lors du procès qu’il avait envisagé, juste avant la mort de Robert Maxwell, de quitter le groupe en raison de fréquents accrochages avec son père. « Il voulait être libre et nous permettre de vivre une existence plus normale ».

(avec Afp)

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