L’Union européenne, où la pandémie du Covid-19 est en recul, a rouvert ses frontières à 15 Etats mais reste fermée aux Etats-Unis où la propagation du virus est hors contrôle dans une partie du pays, le conseiller de la Maison Blanche prédisant un sombre bilan de 100.000 nouveaux cas quotidiens.
Face à la gravité de la situation, le candidat démocrate à la Maison Blanche, Joe Biden, a renoncé à organiser des meetings avant la présidentielle, contrairement à son rival républicain Donald Trump.
Après des jours de tractations, les pays de l’UE ont décidé mardi d’ouvrir le 1er juillet leurs frontières aux ressortissants de 15 pays dont la situation épidémiologique est jugée satisfaisante.
La liste des visiteurs admis dans l’UE et l’espace Schengen, qui sera révisée toutes les deux semaines, compte l’Algérie, l’Australie, le Canada, la Géorgie, le Japon, le Monténégro, le Maroc, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, la Serbie, la Corée du Sud, la Thaïlande, la Tunisie et l’Uruguay.
Elle inclut la Chine, mais uniquement à condition qu’elle admette sur son sol les visiteurs venant de l’UE, ce qui n’est actuellement le cas que de façon limitée.
L’Union a fixé plusieurs critères pour qu’un pays soit sur la liste des admis, notamment un taux de nouveaux cas de Covid-19 proche ou en-dessous de 16 pour 100.000 habitants (moyenne dans l’UE) sur les 14 derniers jours.
Ces critères excluent les Etats-Unis, pays le plus touché, tant en nombre de décès (126.141) que de cas (2.590.582), où la pandémie repart à la hausse dans 30 des 50 Etats, notamment dans les plus grands et les plus peuplés (Californie, Texas, Floride).
Pour se protéger, l’Etat de New York a doublé le nombre d’Etats dont les visiteurs sont soumis à quarantaine: leur nombre s’élève désormais à 16.
Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden, a lui annoncé qu’il ne tiendrait pas de meetings électoraux dans cette « campagne la plus étrange de l’histoire moderne ». « Je vais suivre les consignes du docteur, pas juste pour moi mais pour le pays », a déclaré le candidat, âgé de 77 ans.
Plus tôt, le Dr Anthony Fauci, membre de la cellule de crise présidentielle sur le coronavirus, a admis que les autorités sanitaires n’avaient « pas le contrôle total » sur la pandémie.
« Je ne serais pas surpris si nous atteignions 100.000 (nouveaux cas, ndlr) par jour si on ne renverse pas la tendance », a-t-il ajouté. Actuellement, 40.000 nouveaux cas sont détectés par jour.
Il témoignait, avec trois autres médecins à la tête des grands organismes de santé américains, devant les sénateurs. Tous ont appelé les Américains, et en particulier les jeunes, à porter un masque et pratiquer la distanciation physique.
Au niveau mondial, la pandémie, qui vient de franchir deux seuils symboliques –plus d’un demi-million de morts et dix millions de cas– « est loin d’être finie » et « s’accélère » même, avait averti lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Outre les Etats-Unis, le virus continue de faire des ravages en Amérique du Sud, et semble redémarrer en Chine où l’OMS va envoyer « la semaine prochaine » une équipe, pour déterminer l’origine du coronavirus qui y est apparu en décembre.
Selon un comptage effectué par l’AFP 505.652 décès et 10,3 millions de cas étaient officiellement recensés mardi à 11H00 GMT.
Le nombre des décès répertoriés dans le monde a doublé en un peu moins de deux mois (250.000 le 5 mai) et 50.000 décès supplémentaires ont été enregistrés ces dix derniers jours.
Au Royaume-Uni, la mortalité est revenue à la normale en juin, après 65.000 décès de plus que la moyenne en trois mois de pandémie. Néanmoins, le gouvernement a annoncé lundi soir le reconfinement de Leicester et de son agglomération, soit plus de 600.000 habitants, en raison d’une flambée de cas dans cette ville du centre de l’Angleterre, la première à se voir imposer des restrictions locales.
Le choc est rude pour la ville, qui se préparait comme le reste de l’Angleterre à rouvrir pubs, restaurants, cinémas et salons de coiffure samedi. A la place, les magasins non essentiels ont dû abaisser leur rideau mardi et la plupart des écoles fermeront jeudi.
New Deal
Will Horspool, un habitant de la ville de 35 ans, était impatient de retrouver un semblant de normalité. « Je voulais boire une bière dans un pub du coin ». Las, il a dû annuler et envisage d’aller dans un café d’une ville des environs, épargnée par les nouvelles mesures. « C’est contraire aux libertés », lâche-t-il.
En Grande-Bretagne, où la maladie a fait 43.575 morts et dont le PIB devrait fondre de plus de 10% cette année, le Premier ministre Boris Johnson a promis une « révolution par les infrastructures » inspirée du « New Deal » américain pour relancer une économie frappée de plein fouet par la pandémie.
« Cela ressemble à un New Deal (…) parce que c’est ce que l’époque exige: un gouvernement puissant et déterminé qui met ses bras protecteurs autour du peuple en temps de crise », a-t-il déclaré en référence à la politique dite de la « Nouvelle donne » de Franklin D. Roosevelt qui avait permis de relancer l’économie américaine par la demande et l’intervention de l’Etat après la Grande Dépression des années 1930.
Il va injecter cinq milliards de livres (5,4 milliards d’euros) dans des projets d’infrastructures résumés par le slogan « Construire, construire, construire ».
Airbus supprime 15.000 postes
La pandémie continue de faire payer un lourd tribut aux géants de l’industrie et aux compagnies aériennes. L’avionneur européen Airbus a annoncé mardi qu’il allait supprimer « approximativement 15.000 postes », soit 11% de ses effectifs dans le monde d’ici à l’été 2021, sans exclure des licenciements secs.
Sur le plan diplomatique également, l’agenda est dicté en partie par le virus: la France et la Tunisie ont appelé mardi le Conseil de sécurité de l’ONU à voter sur une résolution appelant à une cessation des hostilités pour faciliter la lutte contre la pandémie. Le résultat du vote est attendu mercredi.
Et le Covid-19 continue toujours de chambouler le calendrier sportif. La Coupe d’Afrique des Nations est reportée d’un an et aura lieu en 2022 au Cameroun. « Le pic de la pandémie n’est pas encore atteint » dans plusieurs pays du continent africain », a justifié le président de la Confédération africaine de Football (CAF), Ahmad Ahmad.
(avec Afp)