Jean CASTEX, nouveau Premier Ministre français, propulsé sans notoriété ni expérience à Matignon.
Jean CASTEX, nouveau Premier Ministre français, propulsé sans notoriété ni expérience à Matignon.

Jean CASTEX : Le miraculé de la droite modérée propulsé sans notoriété ni expérience à Matignon

Le gouvernement d’Edouard Philippe a démissionné vendredi matin, et Jean Castex a été désigné par Emmanuel Macron pour former un nouveau gouvernement qui devra mettre en musique les orientations présidentielles pour la fin du quinquennat. Jean Castex, nommé vendredi Premier ministre, est un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, élu local peu connu du grand public mais unanimement salué pour son entregent et son efficacité, qu’il a déployés au printemps pour bâtir le plan de déconfinement. Miraculé de la droite modérée propulsé sans notoriété ni expérience à Matignon, Edouard Philippe y a imposé sa marque sobre au fil des crises, agaçant les uns ou rassurant les autres par son profil de gestionnaire, devenu avec le temps cardinal dans la majorité.

Il n’y avait entre eux « pas l’épaisseur d’un papier à cigarettes », pourtant le couple réputé complémentaire Macron-Philippe divorce après trois ans. Des divergences politiques de plus en plus marquées ont fini par avoir raison de leur entente cordiale. En quittant Matignon à un pic de popularité, Edouard Philippe s’affiche comme un recours possible pour un électorat du centre-droit en vue de la présidentielle de 2022, même si celui qui redevient simple maire du Havre se défend de nourrir toute ambition.

Edouard Philippe aura dû affronter deux crises majeures en trois années d’exercice à Matignon, la première sociale avec le mouvement des Gilets jaunes, et l’autre sanitaire avec l’épidémie de Covid-19.

Changer d’équipe gouvernementale pour impulser un nouvel élan après un revers aux élections municipales est devenu un classique en politique, après les remaniements survenus en 1977, 1983, 2001, 2008 et 2014.

Vendredi, à 9H31, l’Élysée envoie un court communiqué de presse: « M. Édouard Philippe a remis ce jour la démission du Gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée ». L’annonce donne le coup d’envoi à une folle journée, actant la fin d’un couple vieux de trois ans.

EMMANUEL MACRON REPREND LES RÊNES

Emmanuel Macron a choisi vendredi de remplacer Edouard Philippe à Matignon par Jean Castex, 55 ans, son actuel « M. déconfinement », inconnu du grand public, signe que le chef de l’Etat reprend les rênes pour faire appliquer le « nouveau chemin » annoncé pour la fin du quinquennat.

Ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy et de Xavier Bertrand, maire LR de Prades (Pyrénées-Orientales), Jean Castex représente « un choix macronien, conforme à l’esprit de dépassement porté par le président depuis trois ans », selon l’Elysée pour qui « il vient de la droite mais est un gaulliste social ».

Jean Castex, qui devrait former son gouvernement rapidement, entrera dès vendredi après-midi à Matignon, où les préparatifs de la passation de pouvoir étaient en cours à la mi-journée. Il sera l’invité du 20h de TF1, au terme d’une journée où le président de la République a accéléré le remaniement attendu depuis des semaines.

« Le cap sur lequel je me suis engagé en 2017 reste vrai », avait-il réaffirmé jeudi dans une interview à la presse régionale. Mais alors que se profile une rentrée « très dure » sur les fronts économique et social, le prochain gouvernement sera chargé d’appliquer le « nouveau chemin » qu’Emmanuel Macron a commencé à dessiner, avec une priorité sur la politique de santé, le grand âge et un plan pour la jeunesse. Un changement qui s’annonce dans la continuité avec notamment la remise en chantier de la réforme des retraites.

Pour incarner ce « chemin » modifié, plutôt qu’une figure de l’écologie ou un poids lourd politique, le chef de l’Etat a préféré un profil « techno », élu local et haut fonctionnaire. Un choix qui lui donne les mains libres, après trois ans d’entente cordiale avec Edouard Philippe, qui prenait un poids croissant dans la stratégie gouvernementale et dans l’opinion. Avec des dissensions de plus en plus marquées, notamment pour la réforme des retraites.

D’autant plus que le directeur de cabinet de Jean Castex sera Nicolas Revel, un proche d’Emmanuel Macron qui avait tenté, en vain, de l’imposer à Edouard Philippe à son arrivée à Matignon.

A noter que le premier cercle du pouvoir comprendra trois anciens secrétaires généraux adjoints de l’Elysée — Emmanuel Macron et Nicolas Revel sous François Hollande et Jean Castex sous Nicolas Sarkozy — et comme auparavant quatre énarques en incluant Alexis Kohler, bras droit d’Emmanuel Macron en tant que secrétaire général de l’Elysée.

Pour le président des Républicains Christian Jacob, Jean Castex représente un choix « technocratique » mais « à partir du moment où il s’inscrit dans la politique menée par Emmanuel Macron, bien évidemment il n’est plus aux Républicains ». « En matière de trahisons, on a donné déjà » a-t-il lancé, allusion à Edouard Philippe, également issu de LR.

« Je connais et j’apprécie les qualités de serviteur de l’Etat de Jean Castex. Elles seront indispensables dans les moments difficiles que nous allons connaitre… Puissent-elles corriger les mauvais choix du Président de la République », a commenté le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, tandis que les proches d’Edouard Philippe saluaient son action au gouvernement.

A gauche, on estimait que cette nomination démontrait une poursuite d’une politique « de droite ». « Avec la nomination de Jean Castex, le président de la République confirme sans surprise son cap. Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant », a commenté Olivier Faure (PS).

La composition du nouveau gouvernement devrait être connue avant mercredi, date prévue du prochain conseil des ministres.

Nouvelle étape

Au cours d’un entretien jeudi, « le président de la République et le Premier ministre ont établi un constat partagé quant à la nécessité d’un nouveau gouvernement pour incarner une nouvelle étape du quinquennat, un nouveau chemin », avait expliqué l’Elysée lors de l’annonce de la démission d’Edouard Philippe.

« Au cours de cet entretien chaleureux et amical, le président a remercié le Premier ministre pour le travail accompli, en particulier les importantes réformes conduites pour la modernisation du pays et la préservation de notre modèle social ».

Le nouveau gouvernement devra « mettre en œuvre la nouvelle étape du quinquennat, le projet de reconstruction sociale, économique, environnementale et locale dont le président a exposé les grandes orientations lors de son allocution du 14 juin et qui s’est précisée au cours du cycle de consultations approfondies conduit au cours des dernières semaines », a souligné l’Elysée.

A l’annonce de la démission du gouvernement, toute activité ministérielle a aussitôt été interrompue. Le Conseil des ministres, prévu vendredi matin, n’a pas eu lieu. A l’Assemblée, où était examiné le troisième projet de budget rectifié, la séance a été suspendue.

Dans son entretien à la presse quotidienne régionale jeudi soir, Emmanuel Macron a vanté la « relation de confiance unique » qu’il entretenait avec son Premier ministre, en place depuis le début du quinquennat.

Sur le plan politique, Emmanuel Macron avait réaffirmé en avril, au plus fort de l’épidémie du Covid-19, vouloir « se réinventer » mais sans « renier » les reformes du début du quinquennat.

ET MACRON SE SÉPARA DE PHILIPPE, À MOINS QUE CE NE SOIT L’INVERSE

Vendredi, à 9H31, l’Élysée envoie un court communiqué de presse: « M. Édouard Philippe a remis ce jour la démission du Gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée ». L’annonce donne le coup d’envoi à une folle journée, actant la fin d’un couple vieux de trois ans.

Un Conseil des ministres, prévu une heure plus tard, est annulé. Toute activité ministérielle est aussitôt suspendue, des conférences de presse reportées sine die. A l’Assemblée nationale, le président de séance Hugues Renson annonce la suspension des travaux de la représentation nationale.

Il faudra attendre encore une demi-heure pour lever une ambigüité: Édouard Philippe ne se succèdera pas à lui-même à la tête du gouvernement, annonce à l’AFP son entourage.

Quelques minutes plus tard, sur le perron de l’hôtel de Matignon, on installe tapis rouge et micro dans l’attente d’une passation de pouvoirs, alors que les huissiers apportent des cartons dans les bureaux.

Dans la cour, les proches et l’épouse d’Edouard Philippe font des photos, derniers souvenirs de Matignon, après un bail de trois ans.

C’est en fait jeudi soir qu’Édouard Philippe a remis sa démission, au cours d’un entretien qui a duré une partie de la soirée avec Emmanuel Macron, qualifié de « chaleureux et amical » par l’Élysée.

Plus tôt, Emmanuel Macron avait reçu plusieurs journalistes de la presse régionale. Édouard Philippe? Son travail est « remarquable », martèle devant eux le président, en vantant une « relation de confiance qui est, d’un certain point de vue, unique à l’échelle de la Ve République ».

De quoi relancer l’hypothèse d’un maintien du Premier ministre en place, alors que, depuis plusieurs jours, personne dans la macronie ne se risque à faire état de certitudes quant à la prochaine équipe gouvernementale.

Orgueil et flegmatisme

L’annonce de vendredi sonne ainsi l’épilogue d’un suspense et d’un casse-tête de casting pour le président de la République qui entend avant tout relancer son quinquennat pour mieux préparer sa réélection en 2022.

Depuis la fin du confinement, l’idée d’un remaniement avait certes été acquise, obligée par la promesse de « réinvention » formulée par Emmanuel Macron. Mais comment se séparer d’un chef de gouvernement qui, de l’avis unanime, avait su endosser la habits de Premier ministre?

La gestion de la crise liée au Covid-19 avait parachevé l’image d’Édouard Philippe, devenu aux yeux de l’opinion l’homme de la situation, par ailleurs récompensé d’une nouvelle popularité. « Et puis qui d’autre à la place? », répétaient nombre de membres du gouvernement.

Entre flegmatisme, stratégie et orgueil, Édouard Philippe s’était d’abord refusé à faire campagne pour conserver son poste.

« Il fait la même chose qu’au début: il sert son pays, l’État et le chef de l’État. C’est un honneur », répétait son entourage, début juin.

Couverture de Paris-Match

Se faisait-il désirer? Le 16 juin, dans Paris Normandie, il semble conditionner son maintien à la tête du gouvernement – ou amortir son inéluctable départ. Emmanuel Macron « sait qui je suis, ce que j’incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire », déclare-t-il.

Le lendemain, il pose en couverture de Paris Match en pantalon de toile claire, col de chemise ouvert et pull-over échancré, sous le titre « L’inconnu qui gouverne la France ». Ce qui, selon plusieurs observateurs, agace en haut-lieu à l’Élysée.

Ses réserves quant à l’éventualité d’un référendum pour entériner les propositions de la Convention citoyenne pour le climat avaient encore interrogé quant à son envie d’épouser le « changement de cap », notamment écologique, voulu par le président de la République.

Son élection « nette » au Havre, dimanche dernier, lui avait pourtant conféré une forme d’invulnérabilité, voulaient croire ses thuriféraires.

« Quand vous avez une situation où le Premier ministre apporte satisfaction à un Français sur deux, si vous le limogez, vous prenez un risque », rappelait avant le départ d’Édouard Philippe le sondeur Jean-Daniel Lévy, directeur du département Analyse et opinion chez Harris Interactive.

Vendredi matin, les entourages du président de la République et du désormais ex-Premier ministre juraient que la séparation procédait d’un « consentement mutuel ». Avec une question en suspens: lequel des deux hommes a quitté l’autre ?

LES RÉACTIONS POLITIQUES

Premières réactions politiques à la nomination vendredi de Jean Castex à la tête du gouvernement:

Christian Jacob (président de LR, à l’AFP) : « On pouvait attendre un virage politique, mais c’est technocratique » avec quelqu’un « retenu pour gérer les affaires courantes ». Jean Castex, qui vient de LR, n’est « pas identifié comme de droite » auprès du grand public et il « n’a jamais exercé de responsabilités » mais « de fait, à partir du moment où il s’inscrit dans la politique menée par Emmanuel Macron, bien évidemment il n’est plus aux Républicain ». « Il avait pris ses distances ces derniers jours ». « En matière de trahisons, on a donné déjà.« 

Olivier Faure (patron du PS, sur Twitter) : « Avec la nomination de Jean Castex le Président de la République confirme sans surprise son cap. Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant. Salutations républicaines à l’ancien et au nouveau Premier ministre.« 

Jean-Christophe Lagarde (patron de l’UDI, sur Twitter) : « La nomination de Jean Castex à Matignon, après qu’Édouard Philippe ait refusé de le suivre dans son virage dépensier, est un message clair ! Le Président veut gouverner seul et en direct pour préparer la présidentielle. Ça ne fait pas trop réinvention mais plutôt déjà vu.« 

Nicolas Dupont-Aignan (président de Debout la France sur Twitter) : « En nommant Jean Castex à Matignon, Emmanuel Macron supprime de fait la fonction institutionnelle et politique du Premier Ministre et s’accapare tous les pouvoirs. Où est le changement de cap promis pour les Français ?« 

Xavier Bertrand (président de la région Hauts-de-France, sur Twitter) : « Je connais et j’apprécie les qualités de serviteur de l’Etat de Jean Castex. Elles seront indispensables dans les moments difficiles que nous allons connaitre… Puissent-elles corriger les mauvais choix du Président de la République. C’est le plus solide du couple exécutif pendant la crise qui s’en va. Les différends que j’ai pu avoir avec Edouard Philippe étaient liés aux choix du Président de la République. Respect pour le sens de l’Etat dont il a fait preuve.« 

Eric Ciotti (député LR, sur Twitter) : « En nommant Jean Castex dont la seule légitimité est technocratique, Emmanuel Macron dissout Matignon. Menacé par la popularité d’Édouard Philippe, il dérive désormais de plus en plus vers un pouvoir totalement personnel et autoritaire.« 

Boris Vallaud (porte-parole du PS, sur Twitter) : « Un Sarkozyste succède à un juppéiste, la droite succède à la droite.« 

Manon Aubry (eurodéputée LFI, sur Twitter) : « Tout change pour que rien ne change ! Un homme de droite remplace un homme de droite pour mener la même politique anti-sociale et anti-écologique.« 

Sandra Regol (secrétaire nationale adjointe d’EELV) : « Les mots, les actes. Déclarer hier dans la presse régionale que tout va bien avec Edouard Philippe, annoncer son départ le lendemain. Souhaiter une femme, ne nommer que des hommes. Vraiment, une parole d’or.« 

MACRON VEUT RELANCER UNE RÉFORME HAUTEMENT INFLAMMABLE

Face à l’explosion du déficit du système de retraites, Emmanuel Macron veut relancer sa réforme en commençant « dès l’été » par une nouvelle concertation sur les « équilibres financiers », mais les principaux syndicats y sont farouchement opposés.

Suspendue « sine die » par le chef de l’Etat mi-mars, la réforme des retraites reste un sujet hautement inflammable.

Dans un entretien à la presse quotidienne régionale publié jeudi soir, M. Macron a affirmé qu' »il n’y (aurait) pas d’abandon » de son projet de système universel, qu’il juge toujours « juste », même s’il se dit « ouvert » à ce que sa réforme « soit transformée ».

Il souhaite aussi « réengager rapidement une concertation en profondeur (…) dès l’été sur (le) volet des équilibres financiers » et considère que « la question du nombre d’années pendant lesquelles nous cotisons demeure posée ».

En réalité, le problème financier devient brûlant: le déficit du système de retraites devrait approcher cette année le niveau record de 30 milliards d’euros, très loin des 4 milliards attendus avant la crise provoquée par le coronavirus.

Selon les estimations dévoilées mi-juin par le Conseil d’orientation des retraites, cette dégradation se concentrerait sur les caisses des salariés du privé à hauteur de 27 milliards d’euros, à cause du recours massif au chômage partiel, tandis que les régimes spéciaux et la fonction publique seraient épargnés.

La branche retraite de la « Sécu », l’assurance vieillesse, devrait à elle seule enregistrer une perte de 15 milliards.

Le régime complémentaire du privé, l’Agirc-Arrco, qui a sollicité une avance de Bercy avant de recourir aux banques pour verser les pensions de juin, n’aura sans doute d’autres choix que de puiser à nouveau dans ses réserves.

Raisons de plus pour reprendre la « conférence de financement » lancée en début d’année et interrompue par l’épidémie. Sauf qu’à cette époque, syndicats et patronat avaient déjà du mal à s’accorder pour résorber un « déséquilibre annuel de l’ordre de 12 milliards d’euros en 2027 ».

« L’huile sur le feu »

Aujourd’hui, alors que le feu couve, les intéressés ne sont pas pressés d’y retourner. « On est dans une situation très compliquée économiquement et socialement », a souligné le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, pour qui « la priorité des priorités, ça doit être l’emploi ».

« Des milliers de gens vont arriver malheureusement au chômage, 800.000 jeunes vont arriver sur le marché du travail (…) On ne va pas se remettre à se foutre sur la gueule sur la question des retraites dans cette période », a-t-il ajouté.

S’il « continue à être pour un système universel des retraites », le leader du premier syndicat français a prévenu que « le débat sur l’augmentation de la durée du travail serait une ligne rouge ».

« Ce n’est vraiment pas le moment de remettre ce dossier sur la table », a également affirmé le numéro un de Force ouvrière, Yves Veyrier, qui entend prendre attache avec les autres dirigeants syndicaux et patronaux pour envoyer un message commun au président de la République: « Il faut qu’on lui dise non ».

Après les longues grèves de décembre et janvier, puis le recours au 49-3 à l’Assemblée nationale début mars, « on risque de rouvrir de la tension, un conflit social », a-t-il mis en garde.

« Il faut être très prudent pour ne pas remettre de l’huile sur le feu », pense aussi Dominique Corona, secrétaire national de l’Unsa.

En plein remaniement de l’exécutif, il attend « d’avoir le gouvernement, les arbitrages et la feuille de route » de la nouvelle équipe qui sera chargée de mettre en oeuvre l’emblématique mais controversée promesse de campagne du candidat Macron.

(avec Afp)

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