Une dizaine de journalistes indépendants et de militants des droits de l’homme cubains ont affirmé mardi être bloqués chez eux et privés d’internet par les autorités, afin d’empêcher une manifestation pour dénoncer la mort d’un jeune noir tué par la police.
« Je suis détenu à domicile », a dénoncé sur Twitter Abraham Jiménez, directeur du média en ligne El Estornudo. « Plusieurs agents de la Sécurité de l’Etat et une patrouille avec quatre agents sont stationnés devant chez moi pour m’empêcher de couvrir la manifestation en protestation pour la mort de Hansel Hernandez ».
Quelques minutes plus tard, il a de nouveau tweeté : « Le régime m’a aussi coupé l’internet sur mon téléphone ».
Une dizaine de témoignages similaires, de journalistes, d’activistes et d’artistes, ont été postés sur les réseaux sociaux.
Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés, comme le dissident José Daniel Ferrer, dirigeant de l’Union patriotique de Cuba (Unpacu), et l’artiste Tania Bruguera, ont dénoncé leurs proches sur internet.
La manifestation était prévue face au cinéma Yara à La Havane, mais, comme l’a constaté une équipe de l’AFP, le bâtiment était sous forte surveillance policière et militaire et le rassemblement n’a pu avoir lieu.
Hansel Hernandez, 27 ans, a été tué le 24 juin par un policier dans le quartier de Guanabacoa, dans la périphérie de La Havane, un fait dénoncé comme un « meurtre » par sa tante sur Facebook.
Fait inhabituel, le ministère de l’Intérieur a communiqué sur le sujet, assurant que la victime, surprise en flagrant délit de vol, avait été poursuivie par des policiers sur qui elle a jeté des pierres.
« En raison du danger pour sa vie et de la magnitude de l’agression, le policier a riposté, depuis le sol, en effectuant un tir avec son arme réglementée qui a touché l’individu et a provoqué sa mort », affirme la version officielle. La famille assure que Hansel a été abattu de deux balles dans le dos.
La polémique survient un mois après le scandale aux Etats-Unis du meurtre de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, largement commenté à Cuba par les autorités et médias officiels. « Il a été assassiné brutalement », avait dénoncé le ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez.
Cuba est régulièrement critiqué par des ONG dans le domaine des droits de l’homme, comme Freedom House qui lui attribue dans son rapport 2020 une note de 14/100.
« Cuba est un Etat communiste à parti unique qui proscrit le pluralisme politique, interdit les médias indépendants, réprime la dissidence et restreint sévèrement les libertés civiles fondamentales », souligne l’ONG.
(avec Afp)