« Hirak » : Grâce présidentielle en Algérie ?

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a gracié mercredi soir six détenus, dont quelques-uns liés au mouvement de protestation du « Hirak ». La présidence algérienne a fait état de cette mesure de clémence dans un communiqué publié à quelques jours du 58e anniversaire de l’Indépendance, sans préciser si elles concernaient des détenus du « Hirak. Mais, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), au moins trois personnes parmi les six détenus graciés ont été incarcérées dans le cadre de la mobilisation populaire antirégime.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a gracié mercredi soir six détenus, dont quelques-uns  liés au mouvement de protestation du « Hirak », selon une association de défense des détenus d’opinion.

La présidence algérienne a fait état de cette mesure de clémence dans un communiqué publié à quelques jours du 58e anniversaire de l’Indépendance, sans préciser si elles concernait des détenus du « Hirak. 

Mais, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), au moins trois personnes parmi les six détenus graciés ont été incarcérées dans le cadre de la mobilisation populaire antirégime.

« Il y a des détenus du +Hirak+. Nous sommes sûrs pour trois d’entre eux et nous sommes en train de vérifier pour les trois autres », a déclaré à l’AFP, Kaci Tansaout, porte-parole du CNLD.

Le président Tebboune a signé un décret » portant mesures de grâce à l’occasion du 58e anniversaire de la Fête de l’indépendance et de la Jeunesse », célébrée le 5 juillet, au profit de six personnes condamnées définitivement, précise le communiqué de la présidence.

Depuis son élection le 12 décembre 2019, M. Tebboune a décrété plusieurs grâces présidentielles au profit de milliers de prisonniers mais jusqu’à présent les détenus du « Hirak » en avaient été exclus.

Selon le CNLD, quelque 70 militants sont actuellement incarcérés, dont Karim Tabbou, une des principales figures du « Hirak », qui purge une peine d’un an de prison pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ».

Cet opposant, qui a été condamné en appel dans des conditions contestées par sa défense, a formulé une demande de suspension de sa peine sur laquelle la Cour d’appel d’Alger doit se prononcer jeudi.

Lors de ce procès, l’accusé avait refusé de comparaître sans la présence de ses avocats mais le juge avait refusé d’accéder à la demande de M. Tabbou. Ce dernier avait été pris d’un malaise en pleine audience, victime d’une poussée de tension artérielle, selon ses avocats.

Une autre militante connue, Amira Bouraoui, sera elle aussi fixée sur son sort jeudi. 

Opposante farouche à l’ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, Mme Bouraoui, condamnée le 21 juin à un an de prison ferme, sera jugée en appel à Tipasa, près d’Alger.

Elle est poursuivie pour six chefs d’accusation, dont « offense à l’islam », « offense » au président de la République et « incitation à violer le confinement » en « exposant directement la vie d’autrui ou son intégrité physique à un danger » pendant la crise sanitaire liée au coronavirus.

TROIS ANS FERME REQUIS CONTRE 3 MILITANTS EN KABYLIE

La justice algérienne a réclamé mercredi trois ans de prison ferme contre trois militants du mouvement populaire antirégime, dont le journaliste Merzoug Touati, pour avoir participé à une manifestation interdite à Béjaïa, en Kabylie (nord-est), selon une association de soutien des détenus d’opinion. 

« Le parquet a requis 3 ans de prison ferme et une amende de 200.000 dinars (1.375 euros) contre chacun des trois détenus », Merzoug Touati, Yanis Adjila et Amar Beri, précise le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Les trois accusés avaient été arrêtés le 12 juin lors d’une tentative de meeting de soutien aux détenus d’opinion, rapidement réprimée par la police, dans le centre de Béjaïa, grande ville de Kabylie.

Tout rassemblement public est strictement interdit depuis la mi-mars en raison de la pandémie de Covid-19.

Ces militants sont poursuivis pour « incitation à attroupement non armé », « publication pouvant porter atteinte à l’intérêt national » et « mise en danger de la vie d’autrui durant la période du confinement ».

Amar Beri est également poursuivi pour « atteinte à la personne du président de la République » et « outrage à corps constitué ».

Ancien détenu, Merzoug Touati est un blogueur et journaliste du média de gauche L’Avant-Garde Algérie, un site en ligne bloqué dans le pays. Yanis Adjila est un militant des droits humains et Amar Beri un militant du « Hirak », le mouvement de contestation antirégime.

Par ailleurs, toujours selon le CNLD, la chambre d’accusation de la cour d’Alger a confirmé la décision d’un juge d’instruction de placer sous contrôle judiciaire le militant des droits de l’Homme Hakim Addad.

Il avait été arrêté le 14 juin dernier à Alger et placé sous contrôle judiciaire depuis le 16 juin. Il est accusé d' »incitation à attroupement non armé » et « publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale ».

Hakim Addad est un membre fondateur et ancien secrétaire général du Rassemblement action jeunesse (RAJ), une association à la pointe de la contestation.

La pandémie de Covid-19 en Algérie n’empêche pas les autorités de poursuivre et condamner militants du « Hirak », opposants politiques, journalistes et internautes.

Le CNLD a recensé près de 70 détenus d’opinion actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook.

Né en février 2019 d’un immense ras-le-bol des Algériens, le « Hirak » a ébranlé le régime jusqu’à la suspension des manifestations hebdomadaires en raison de la crise sanitaire.

Mais avec l’amorce de déconfinement, des mobilisations sporadiques ont repris ces dernières semaines, surtout en Kabylie, région traditionnellement rétive.

(avec Afp)

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