La question est celle de savoir aujourd’hui compte tenu du spectacle auquel assistent les congolais avec ces sempiternelles querelles entre Cach et Fcc ou Udps et Udps à qui profitent ces passes d’armes entre les membres de la coalition au pouvoir ? Pour répondre à cette question, il faut appréhender le contexte de la proclamation des résultats des élections de décembre 2018. Suite au hold up électoral on ne pouvait être serein sur la présidence actuelle ne reflétant pas la vérité des urnes, car nul ne peut falsifier l’histoire politique d’un pays. Si nous sommes arrivés là, il faut comprendre la cause et l’effet. Kabila n’avait que le choix de fabriquer une marionnette afin d’assurer la survie de son clan. Tenant compte de cette usurpation du pouvoir qui illustre à contrario la quintessence de l’alternance politique se produisant lorsque des partis politiques appartenant à des courants politiques différents se succèdent au pouvoir, nous devons démontrer avec certitude qu’il ne suffit pas d’être intelligent, ou compétent pour conclure qu’il n’existe aucune corrélation des formes entre toutes ces postures et l’alternance politique.
Tshisekedi pris dans la nasse kabiliste
C’est dans les conditions que tous les congolais et partenaires de la Rdc connaissent : les résultats de l’élection présidentielle de décembre 2018 menèrent à un hold up qui allait remettre Joseph Kabila sous la sellette à la suite d’un deal conclu entre F.Tshisekedi et son prédécesseur .Lors de sa visite à Windhoek le 26 février 2019, Tshisekedi réponda à la question d’un journaliste: « c’est un deal que nous avons fait pour que, d’abord l’alternance se fasse pacifiquement. Donc il y a eu cette entente, et elle s’est faite pacifiquement pour qu’après les élections législatives et la majorité qui s’en est dégagée, il y ait une coalition avec la camp de M. Kabila, le camp sortant. » Si l’on tient compte de cette volonté de ne pas faire émerger la vérité des urnes ainsi que du postulat que toute majorité parlementaire se calque plus ou moins sur l’élection présidentielle parce que le président de la république est la clef de voûte du système, il en découle clairement que J. Kabila est le « président bis » de la république.
La plupart des observateurs politiques se sont rendus compte depuis les dernières élections de décembre 2018 que Kabila ne s’est jamais retiré de la scène politique puisqu’il est toujours aux manettes. C’est la continuité du système qu’il a érigé dont le centre d’intérêt s’arc-boute autour lui contre toute menace. Le plus évident dans cette réalité c’est seulement le changement de personne à la tête de la présidence. C’est dommage que les militants de l’Udps qui se trompent de cibles en s’attaquant aux domiciles privés d’élus et édifices publics ne comprennent pas que c’est F. Tshisekedi qu’il faut prendre pour cible. Le problème c’est Tshisekedi, il faut être dingo pour ne pas rendre gloire à cette vérité. Qui a trahi les militants de l’Udps en particulier et le peuple congolais en général, c’est leur crétin d’opportuniste président. Comment peut il s’extraire de ce deal ?
Il y a beaucoup d’arguments qui donnent de la valeur à ce baroud de pantin dans lequel se retrouve Tshisekedi privé comme un mouton qu’on mène à l’abattoir de son cheval de Troie Jean Marc Kabund débarqué de l’Assemblée nationale. Ainsi toute cette kyrielle des pratiques répond à une logique de deal signé entre le lèche-botte et le roi en vue de préserver des avantages financiers exorbitants. Toutes les postures ou les discours des membres du FCC dénotent bien qu’il s’agit de la stratégie spécifique d’une organisation individualisée autour de la mandature de Tshisekedi en faveur de la personne de Kabila qui profite de ce modus vivendi afin de réunir entre ses mains tous les leviers du pouvoir et d’avoir un regard constant sur tous les rouages du système. Un autre pire cauchemar pour Tshisekedi ,c’est l’épisode du projet de lois sur le système judiciaire: le ministre de la justice qui transmet son avis favorable sans consulter le gouvernement. Un coup de poignard dans le dos et il y en aura de plus mortel. Cette posture ne nous étonne pas, et la majorité parlementaire en présentant ce mardi 23 juin ce projet de lois mettant en péril l’indépendance de la justice n’a pas ménagé ses efforts pour faire le job. Au delà des manifestations qui ont eu lieu ce mercredi 24 juin à Kinshasa et à Lubumbashi, le PPRD s’est dit prêt à une cohabitation en affirmant dans un communiqué que; « si la coalition n’est pas jugée utile par les partenaires du Cach, qu’ils le disent ouvertement et que l’on applique la cohabitation dans le respect de la constitution ». Il faut comprendre dans ce rapport de force politique que le Cach n’a aucun poids politique et ne peut pas rabattre les cartes . Il faut s’attendre à d’autres soubresauts. Ce n’est pas fini.
Il y a péril dans la coalition au pouvoir. Il y a quelque chose qui ne va pas dans l’état d’esprit de ceux qui sont aux manettes en Rdc: la controverse qui secoue la présidence est une menace pour le pays. Quand les militants de l’Udps se comportent comme des hors-la-loi en se trompant de cible, les dirigeants de l’Udps doivent entreprendre une approche pédagogique pour éduquer tous ces jeunes pour respecter l’idéal politique de leur parti,la non violence. La vérité : les militants de l’Udps doivent s’en prendre à Tshisekedi qui est le problème pour avoir signé un deal avec Kabila. Voulez-vous un changement avec Tshisekedi qui assure la continuité du système kabiliste ? Voulez-vous un changement quand tous les leviers du pouvoirs sont entre les mains de la Kabilie? Il faut être crétin ou un analphabète de première catégorie pour ne pas comprendre la vérité du pouvoir actuel. Quand la présidente de l’Assemblée nationale madame Jeanine Mabunda n’a pas hésité à menacer en févier 2020 de manière voilée de destitution le président Tshisekedi, il est clair que votre président monsieur Thsisekedi est assis sur une chaise éjectable.
L’alternance n’est pas un slogan, elle se consolide par des nouveaux acteurs politiques incarnant une nouvelle vision politique et moeurs
Quand la porte-parole adjointe du président congolais, Tina Salama dénonce le double jeu des cadres du FCC contre Tshisekedi en haussant le ton sur des « sales coups », elle ignore que le changement ne peut pas s’opérer en politique quand vous n’avez pas les leviers du pouvoir et vous gouvernez dans une dimension de champ relationnel de dépendance suite au deal signé par Tshisekedi avec ceux qui incarnent une mentalité surannée s’enracinant sur la culture du nivellement par le bas. Imposer une dynamique de changement dans un pays comme la Rdc requiert de l’ensemble des acteurs politiques une majorité dans tous les leviers du pouvoir pour mettre un terme aux réflexes de corruption qui existent en Rdc, à l’esprit de boulimie financière,à la perfidie. Parler du changement avec Tshisekedi, c’est prendre les congolais de gogo:la Rdc est une catastrophe nationale qui nécessite un plan Marshall puisque tout est à reconstruire, il ne s’agit pas par un programme d’urgence de 100 jours d’amuser la galerie et faire de la politique du leurre. Tout le pays est en état d’urgence, il faut être un petit calculateur politique pour réduire un mandat de 5 ans à un programme de 100 jours et quel en est le résultat ? De l’argent siphonné par Kamerhe et sa bande de voleurs.
Tshisekedi est la pire personne incapable pour conduire les congolais à travers cette catastrophe nationale faite des nombreuses affaires, de la confiscation des ressources nationales par le clan Kabila, de la prévarication devenue sport national vers des lendemains meilleurs. D’ailleurs le 13 juin le conseiller de Kabila, monsieur Kikaya a fait sa prophétie à Tshisekedi : » … 2023, épitaphe pour un régime qui ne respecte pas les alliances et qui navigue à vue, confusion totale, pourra-t-on lire la pierre tombale. L’urne sera impitoyable ». Il ne pourra y avoir dans cet environnement de tout pourri l’émergence de nouveaux acteurs politiques capables de changer la Rdc meurtrie par la pauvreté, la mauvaise volonté politique de redistribuer les richesses nationales par des salaires décents aux fonctionnaires, policiers comme cela se passe dans d’autres pays africains francophones à l’instar du Congo Brazzaville, du Gabon.
Que reste-t-il d’un président mis en place avec l’aide de Kabila sans aucune légitimité des urnes? Si l’on arrive à une cohabitation, l’issue sera une descente aux enfers pour Tshisekedi et précipitera la fin de de sa mandature dans un pays habitué aux actions perfides.Quand Tshisekedi, une marque de fabrique Kabila n’a pas les coudées franches et il est contraint de choisir bon gré mal gré des mandataires de la même couleur politique que l’Assemblée nationale, il doit être associé au bilan de son gouvernement. Enfin il nous apparaît plus évident que Tshisekedi ne saura pas s’en sortir du traquenard auquel on lui a tendu compte tenu de son cynisme politique l’ayant poussé au deal avec Kabila. Il nous est plus difficile en Rdc de considérer les responsables politiques hormis Nelson Mandela comme des gens courageux qui ne s’éloignent jamais de la vérité.
(Professeur Florent Kaniki)