Le Mouvement social, parti politique de Pierre Lumbi, avait formellement dissuadé le président Kabila de chercher à s’offrir un mandat anticonstitutionnel à la tête du pays. En réaction, Pierre a été poussé à la démission de son poste de Conseiller spécial pour avoir dit la vérité en défendant la démocratie.
Un sage a déclaré que « la Vérité blesse » et que « le Mensonge tue ». Démonstration. Le revirement spectaculaire de Joseph Kabila, le 08.08.2018, concernant la désignation de son dauphin, aurait dû avoir lieu il y a trois ans. Et Kabila serait alors entré dans l’Histoire congolaise et africaine sous les sons de tambours et de trompettes. Bien sûr que parmi les orfèvres de l’exploit on aurait cité Pierre Lumbi, Mwando Simba, Kyungu wa Kumuanza, J. Endundo, O. Kamitatu, Ch. Lutundula, etc. Toutefois, le « scoop » du 8 août a désagréablement surpris nombre de charlatans qui rôdaient autour du Palais de la Nation pour vendre le projet d’un putsch qui octroierait à Kabila un bail anarchique à l’issue de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Plus sage que tous les griots diplômés de son entourage, notre désormais « Premier Sénateur à vie » de la République doit avoir lutté intensément contre sa conscience. Son dilemme, c’était de choisir entre les docteurs-charlatans et le peuple souverain, émanation de la Constitution. Des théories fumistes de droit et de stratégie politique ont même été développées par des prophètes – euh pardon ! – des « profs, des Dr et d’autres magiciens du verbe ». Ces jouisseurs n’avaient, face à la misère du peuple, que leur cynique soif d’argent facile. Au diable, les traîtres ! Eh bien, depuis le 8 août 2018, ces hédonistes sont officiellement déclarés orphelins. Le fils du pays – Joseph Kabila – qu’ils avaient voulu pousser à la rébellion contre la LOI leur a tourné le dos, retrouvant le réflexe citoyen et manifestant sa « passion » pour la Constitution du pays. Pierre Lumbi avait bel et bien raison. (Le Potentiel, août 2018). Trois ans plus tôt, le Mouvement social, son parti politique, avait formellement dissuadé le président Kabila de chercher à s’offrir un mandat anticonstitutionnel à la tête du pays. En réaction, Pierre a été poussé à la démission de son poste de Conseiller spécial pour avoir dit la vérité en défendant la démocratie.
ADIEU PIERRE LUMBI OKONGO
Le sénateur Pierre Lumbi sera inhumé ce vendredi 19 juin. L’opinion retiendra de cet illustre disparu l’image d’un vaillant combattant, qui a été sur tous les fronts où se menait le combat pour la démocratie et l’État de droit en RDC. Sur le plan politique, c’est une page qui se tourne, un livre qui se ferme et une bibliothèque qui brûle.Ce vendredi, avant son inhumation au cimetière de Benseke Nouvelle Cité, plusieurs personnalités politiques ainsi que les membres de sa famille biologique vont rendre un hommage mérité à celui qu’ils ont connu comme ami, compagnon de lutte et frère…
Décédé le dimanche 14 juin, le sénateur Pierre Lumbi Okongo, ancien conseiller spécial du président de la République honoraire, Joseph Kabila, et jusqu’à sa mort secrétaire général du parti politique de Moïse Katumbi, Ensemble pour la République, sera inhumé ce vendredi 19 juin, au cimetière de Benseke Nouvelle Cité, dans la commune de Mont-Ngafula, à côté de sa défunte mère.
Le programme des funérailles rendu public, hier jeudi, par les regroupements politiques Alliance pour l’Alternance Démocratique (AAD) et le Mouvement Social (MS), prévoit un recueillement à la morgue de la Clinique kinoise dans la commune de la Gombe, où sera exposé le corps à partir de 9h00’ du matin. C’est là que famille, militants des partis politiques, amis et connaissances rendront un dernier hommage à ce vaillant combattant de l’alternance politique en République démocratique du Congo. Le programme prévoit que « seules les personnes concernées et dans le respect des mesures barrières édictées par les autorités sanitaires » auront accès à cette brève cérémonie d’adieu.
Mais il est également prévu le recueillement par les officiels (Présidence de la République, Sénat, Assemblée nationale, Gouvernement, Corps diplomatique…), avant la levée du corps pour le Cimetière de Benseke Nouvelle Cité.
Pour rappel, le secrétaire général du parti de Moïse Katumbi a succombé, dimanche 14 juin, au Centre médical de Kinshasa (CMK) des suites d’une crise cardiaque, selon sa famille politique.
Mais d’autres sources évoquent la Covid-19. Pierre Lumbi s’en va, laissant derrière lui une image qui restera à jamais gravée dans les annales de l’histoire politique de la RDC comme un des acteurs courageux, dans le combat du peuple en faveur de l’alternance.
HOMMAGE UNANIME DE LA CLASSE POLITIQUE
Néhémie Mwilanya, coordonnateur du Front commun pour le Congo de Joseph Kabila, s’est dit « consterné » par la disparition de Pierre Lumbi, adressant ses condoléances « à la famille biologique et politique » du défunt.
Jean-Pierre Bemba Gombo, président du Mouvement de libération du Congo (MLC), est « consterné » par l’annonce du décès. Il dit garder de Lumbi, « le souvenir d’un homme engagé et épris de voir émerger un Congo nouveau ».
Martin Fayulu s’est exprimé en ces termes, via son compte twitter : « Nous avons milité ensemble à l’époque de la Conférence nationale souveraine il y a 30 ans… Je garde en mémoire son sérieux, la finesse de ses analyses et son sens d’organisation ».
Vital Kamerhe Lwa Kanyinginyi Nkingi, depuis sa cellule de la prison centrale de Makala, a aussi salué « le rôle important que Pierre Lumbi avait joué dans l’organisation de la marche des chrétiens du 16 février 1992, et dans le déblocage de la Conférence nationale souveraine ».
Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) note que « Pierre Lumbi était un pionnier de la lutte postindépendance pour la liberté, la démocratie et la dignité. Sans être parfait, il avait néanmoins le courage de ses convictions ».
Georges Kapiamba, coordinateur de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), évoque un « vaillant combattant de l’Etat de droit démocratique qui a inspiré beaucoup de jeunes ».
Ida Sawyerde Human Rights Watch a aussi réagi : « Je garde de bons souvenirs d’échanges fructueux avec lui ».
Claudel-André Lubaya : « La mort n’est pas le bout de la vie, elle en fait partie. Je suis effondré par ta brusque disparition, mon vieux Pierre Lumbi. De toi, je garderai un fidèle souvenir. Mes condoléances les plus attristées à ta famille ! Vas en paix, repose en paix, tu as fini ta course en paix ».
Delly Sesanga : « Un baobab est tombé ! Le 24/05, j’ai encore discuté avec toi de la situation du pays. Nous parlions de l’avenir. Nous ignorions que ce sera notre dernier entretien. Mon vieux, ta disparition est une immense perte et prive le pays de ton intelligence, ta sagesse et de ta finesse ».
Freddy Matungulu, l’un des administrateurs à la Banque africaine de développement (BAD) regrette la mort d’un compagnon : « C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès de notre collègue et compagnon, Pierre Lumbi. Mes sincères et fraternelles condoléances au gouverneur Katumbi et à toute la famille Ensemble. Paix éternelle à son âme », écrit Freddy Matungulu.
J e a n – C h r y s o s t o m e Vahamwiti : « Au dimanche 14/6/2020 l’irréparable est arrivé, pouvait-on lire dans un tweet sur les réseaux sociaux. Pierre Lumbi a dit adieu au pays pour lequel il a consacré sa vie, d’abord comme co-promoteur de la Société civile organisée en RDC, et ensuite, dans la politique. Pierre Lumbi, le vieux comme vous appelaient affectueusement vos collaborateurs et vos connaissances. Vous avez été un homme de grand coeur, un stratège de haut niveau, un organisateur, un dénicheur des leaders sociaux, un nationaliste qui a appris à ses adeptes à ne pas être tribalistes, un homme généreux envers les proches et les collaborateurs. Et même devenu opposant, vous êtes resté modéré et discret. Enfin, démocrate, ceux de vos adeptes qui ne partageaient pas certaines de vos convictions pouvaient évoluer librement dans leur direction. Vous laissez derrière vous un pays à la recherche de la consolidation de la démocratie et du développement pour lesquels vous avez lutté depuis 1985 en lançant le mouvement ONG en RDC. Que votre âme se repose éternellement en paix et que la terre de nos ancêtres vous soit douce ».
Emile Ngoy Kasongo : « Mes sincères condoléances à la famille biologique et aux proches de Pierre Lumbi. Un long parcours politique de combat ancré sur des convictions nobles. Il manquera à la nation. Que son âme repose en paix ».
LES HOMMAGES DE P. YAV TSHIBAL À PIERRE LUMBI
Mon Président… Mon Secrétaire Général, Pierre Lumbi, oui mon brillant Président depuis MS, MSR, MS et, enfin, mon vaillant Secrétaire Général EPR. L’annonce de votre décès par un ami alors que je me trouve confiné depuis 3 mois à Johannesburg, en Afrique du Sud, m’a fait un choc terrible et, du coup des larmes se sont mis à couler devant un film inachevé dont voici quelques actes.
Acte1. En 2005, alors que vous étiez directeur de cabinet d’un ami commun, le conseiller spécial Guillaume Samba Kaputo, paix à son âme, celui-ci m’invita à son bureau et me présenta auprès de vous pour un entretien ayant trait à la création du MS, Mouvement Social. L’entretien dura 2h et à la fin vous m’avez chargé d’implanter MS, puis MSR au grand Katanga.
Acte2. Après les élections de 2006, lors des débats pour désigner le vice-gouverneur, du Katanga, le groupe choc du PPRD de l’époque, voulait que les 2 postes soient confiés au PPRD. Après 3 jours de discussion autour du Chef de l’Etat, avec Guillaume vous avez eu gain de cause et ma modeste personne fût désignée au poste de vice-gouverneur du Katanga.
Acte3. À l’avènement de G7, il s’en suivit une série des démissions, vous-même et quelques ministres et députés au niveau national, le gouverneur du Katanga et quelques ministres firent de même. Quand ce fut mon tour, vous vous êtes concertés avec mon gouverneur pour que je reste jusqu’à la nomination des commissaires spéciaux pour faire la remise et reprise. Décision heureuse qui nous a permis avec le reste du gouvernement à laisser les dossiers bien ficelés et inattaquables.
Acte 4. Alors qu’il faillait recueillir les avis de la base du MS avant la création du EPR (Ensemble pour la République), de Uvira où vous vous trouviez, vous m’avez fait parvenir la logistique indispensable pour l’organisation de l’atelier.
Acte 5. Alors que les structures du Méga PARTI, EPR, se traitaient dans les hautes sphères vous n’avez pas oublié de retenir mon nom parmi les fondateurs. Pour tant d’autres faits…je n’ai pas assez des larmes, le reste des camarades du Katanga et d’ailleurs en RDC, non plus, pour vous pleurer, mon Président et mon Secrétaire général. Repose en paix et assiste nous pour la suite du combat au sein du EPR.
IN MEMORIAM PIERRE LUMBI
Très cher ami Pierre,
Au moment où je commence à semer la nouvelle graine de combat pour la Démocratie et la Bonne Gouvernance, fruit de nos échanges récurrents, de nos contacts fructueux et de nos amitiés de longue date, voilà qu’une triste nouvelle de ta mort subite tombe, ce dimanche 14 juin 2020, comme un couperet ! Qui l’eut cru, cher ami et frère !
Soudain, tous les souvenirs de notre destin commun, en tant qu’activistes de première heure de la Société civile aux jours de la dictature de la Deuxième République, se sont mis à défiler comme sur une bande passante. Et je n’ai pu m’empêcher de revoir, mentalement, ces instants rares où, Chef du monde paysan, tu as réussi à allumer la flamme d’une société civile naissante dans sa mouvance de la Conférence Nationale Souveraine –CNS- Homme de foi, de courage et bon stratège, tu avais été le principal inspirateur de la marche de l’Espoir du 16 février 1992 à l’issue de laquelle, mobilisés et moralement réarmés, les chrétiens et les personnes éprises de paix ont obtenu la réouverture de la CNS « fermée avec force » par l’ancien Premier Ministre Nguz a Karl Ibond.
Le peuple Congolais venait de découvrir un démocrate engagé qui sommeillait en toi, un constructeur des passerelles de la fraternité universelle et de l’altruisme dans une société où les membres de l’oligarchie politico-financière avaient tissé un Etat groupusculaire des tortionnaires, champions de la violation des droits de l’Homme. Un État où les dirigeants prédateurs dilapidaient avec ivresse les richesses naturelles de la République et gaspillaient avec frénésie les deniers publics.
Très cher ami,
À dater de cet instant de lutte politique non violente pour la libération du pouvoir souverain de notre peuple détenu par des forces totalitaires de la Seconde République, nos chemins se sont croisés et nos destins se sont mis à vibrer à l’unisson pour d’autres combats politiques et civiques qui, comme du feu ardent, ont permis au peuple de la République Démocratique du Congo de construire cet embryon de l’État de droit. Pour cela, tu as sacrifié, sur l’autel du patriotisme et du retour aux valeurs démocratiques, les hautes fonctions que tu assumais auprès de l’ex-président Joseph Kabila et au sein de la mouvance au pouvoir pour rejoindre le camp du changement avec le G7 dans la Grande coalition de l’Ensemble pour le Changement.
Dans le Rassemblement aux côtés de feu Étienne Tshisekedi d’heureuse mémoire, tu as résisté contre vents et marées en encadrant les forces politiques et sociales nouvelles coalisées dans le cadre de l’Accord global du 31 décembre 2016.
D’une loyauté sans borne, tu es resté ce sage dont le pays avait besoin au moment des trahisons qui ont entouré le processus électoral de décembre 2018.
Et voilà que tu pars juste quand un autre Républicain, Monsieur Moïse Katumbi Chapwe a besoin de toi pour conduire aux fonts baptismaux l’Ensemble pour la République en qualité de Secrétaire général qui a inspiré et largement contribué à la naissance de ce grand parti. Tu laisses un vide difficile à combler.
Que ton âme repose en paix.
Adieu, Très Cher Ami !
Modeste MUTINGA MUTUISHAYI(avec lePotentiel)