Il a donc fallu intenter un procès à V. Kamerhe, S. Jammal, Daniel « Massaro » et consorts pour que la République et le peuple congolais découvrent, avec ahurissement et colère, que les finances publiques sont gérées comme la tirelire de grand-mère. Sur base de témoignages livrés au tribunal, l’opinion publique exige des clarifications sur les dysfonctionnements criminels qui ont apparu dans la ’’fameuse chaîne des dépenses’’, un sale paravent qu’agitent les initiés pour s’accorder des passe-droits et justifier la non-liquidation des paiements dus à des prestataires honnêtes. Personne n’est, en tout cas, resté insensible aux révélations des témoins. On en arrive à des interrogations.
Un procès dans un procès. Telle est la perspective que dessine le procès Kamerhe et consorts à l’issue de l’audition des témoins la semaine dernière. Il s’agira, cette fois-là, de juger l’expertise ou les grenouillages des ministres honoraires des Finances et du Budget. Y compris le rôle du gouverneur de la Banque centrale et de la Rawbank. Cette dernière pour avoir curieusement capté 57 millions de dollars destinés par le trésor public à l’entrepreneur Jammal via Ecobank !
À quelque chose, dit-on, malheur est bon. Il a donc fallu intenter un procès à V. Kamerhe, S. Jammal, Daniel ’’Massaro’’ et consorts pour que la République et le peuple congolais découvrent, avec ahurissement et colère, que les finances publiques sont gérées comme la tirelire de grand’mère.
Sur base de témoignages livrés au tribunal, l’opinion publique exige des clarifications sur les dysfonctionnements criminels qui ont apparu dans la ’’fameuse chaîne des dépenses’’, un sale paravent qu’agitent les initiés pour s’accorder des passe-droits et justifier la non-liquidation des paiements dus à des prestataires honnêtes.
Personne n’est, en tout cas, resté insensible aux révélations des témoins. On en arrive à des interrogations. Pourquoi les Finances, sur simple lettre du Dircab du président, ont-elles ordonné le paiement sans exiger ni l’avenant en bonne et due forme au contrat (retoqué) de 2018, ni l’avis de non objection (ANO) du contrôleur des marchés publics ?
Pourquoi M. Yava-t-il ignoré M. Kangudia, ministre du Budget, et intimé à la Banque centrale l’ordre de payer le Libanais ? Pourquoi M. Mutombo a-t-il versé le paiement à la Rawbank alors que M. Yav avait formellement prescrit Ecobank ? Comment l’entrepreneur a-t-il transféré ’’son’’ argent en Turquie, chez le fournisseur des maisons préfabriquées, sans passer par une quelconque banque locale ? Affaire à suivre.
CINQ FAITS MARQUANTS BANALISÉS
L’opinion publique a été fixée, lundi 8 juin, par le mouvement citoyen « Filimbi », sur cinq faits majeurs du procès 100 jours.
À travers un communiqué officiel rendu public le lundi 8 juin, le mouvement citoyen « Filimbi » exige des clarifications, l’établissement des responsabilités individuelles, mais aussi des sanctions pénales et administratives appropriées, à l’issue de ce procès.
En rapport avec la gestion des fonds alloués au programme d’urgence de 100 jours du chef de l’Etat, le mouvement citoyen « Filimbi » qualifie d’extrêmement graves les cinq faits ci-après :
1. Le non-respect de la chaîne des dépenses publiques
« Suivant les déclarations successives des anciens ministres des Finances, du Budget, ainsi que celles du gouverneur de la Banque centrale du Congo, les dispositions de la loi sur les finances publiques n’ont pas été respectées dans le cadre des décaissements, équivalent à plus de 200 millions USD en rapport avec le programme d’urgence de 100 jours », précise ce communiqué.
2. L’utilisation des réserves de change
« Les conséquences économiques immédiates d’une telle action sont la dévaluation de la monnaie locale, l’augmentation du coût des importations, la baisse de la croissance, la baisse des dépenses publiques, l’augmentation des prix qui implique une réduction de la consommation et de l’investissement et, enfin, la hausse du chômage », renchére-t-il.
3. Les contradictions sur le montant total décaissé
« Au lieu de 57 millions USD à l’entreprise Samibo Sarl pour la construction de 1500 maisons préfabriquées, le conseiller principal du président de la République Marcellin Bilomba a déclaré que le montant total décaissé serait plutôt de 66 700 000 USD. Nous estimons que la Cour aurait dû, toutes affaires cessantes, rappeler le gouverneur de la BCC pour apporter des clarifications », déplore ce mouvement.
4. Des graves violations de la réglementation bancaire
« Plusieurs actes volontaires et complices ayant gravement violé la réglementation bancaire ont été posés par la BCC et la Rawbank », insiste ce communiqué.
5. La violation de la loi relative aux marchés publics
« Au-delà de la violation des conditions d’octroi d’un marché de gré à gré, le marché octroyé à l’entreprise Samibo Sarl a également violé plusieurs aspects de la loi sur les marchés publics », note ce communiqué.
Contrairement à ceux qui traitent ou qualifient ce procès 100 jours d’un procès politique, « Filimbi » affirme que ce procès est celui du peuple congolais contre un système prédateur qui règne depuis des décennies. Raison pour laquelle le mouvement citoyen « Filimbi » invite les magistrats à mener des enquêtes et à fixer d’autres procès sur des affaires relatives au marché des passeports, au site agricole Bukanga Lonzo, à la Gecamines, à la Ceni, les « Lumumba Papers » et d’autres.
Au demeurant, le « Filimbi » exige que les clarifications soient apportées, et que toutes les responsabilités individuelles soient établies et les sanctions pénales et administratives appropriées prises. Et enfin, cette organisation demande aux Congolais de demeurer mobilisés, car la lutte contre le détournement des ressources et la corruption sont en grande partie à la base de leur misère.
(avec lePotentiel)