Covid-19 : Royaume-Uni, un bilan le plus lourd en Europe

La pandémie de Covid-19 a fait plus de 39.000 morts au Royaume-Uni, bilan le plus lourd en Europe. 

Avec des commerçants « heureux » mais des clients qui se font encore désirer, le très touristique marché de Camden à Londres a rouvert prudemment ses portes lundi après deux mois et demi d’hibernation due à la pandémie de nouveau coronavirus.

« On est tellement contents et excités de rouvrir ! » s’enthousiasme Alon Sharmir, propriétaire d’un restaurant de pita. Pour les deux prochaines semaines, le quadragénaire n’a « pas d’attente » particulière en termes de clients: « On sera heureux avec ce qui vient ».

Heureusement, car à son ouverture lundi matin, le célèbre Camden Market était pratiquement désert, ses ruelles habituellement bondées de touristes arpentées seulement par les commerçants et le personnel de nettoyage ayant fort à faire avec cette nouvelle étape du déconfinement.

« On dirait que le marché est en train de se réveiller », s’étonne John Jellesmark, un habitant du quartier.

Ce centre névralgique du tourisme londonien, fourmillant de stands de street food, magasins de vêtements et petites échoppes diverses, a complètement fermé ses portes depuis que le Premier ministre Boris Johnson a placé le pays sous confinement le 23 mars. Signes de cet arrêt brutal, des dizaines de chauffages extérieurs, incongrus par cette chaleur, peuplent encore ses ruelles, désormais rejoints par les distributeurs de gel hydroalcoolique.

Depuis, la pandémie de Covid-19 a fait plus de 39.000 morts au Royaume-Uni, bilan le plus lourd en Europe. Au vu de la décrue de ces dernières semaines, les marchés en plein air ont pu rouvrir lundi en Angleterre. A Camden, seule une vingtaine d’échoppes ont réellement repris leurs activités, certains achevant leur nettoyage ou d’autres attendant la reprise des magasins en intérieur le 15 juin.

C’est le cas de Mario Warner, qui repeint sa devanture et forme ses salariés aux consignes de sécurité en attendant que sa boutique de vêtements puisse rouvrir. « On est impatient de revenir à une certaine normalité », explique-t-il, jovial. « Au moins, on commence à voir une lumière au bout du tunnel ! »

Retour des habitués

A midi, les premiers curieux franchissent les portes du marché pour la pause déjeuner, attirés par les effluves de restaurant thaïlandais, falafels, barbecue et autres cuisines du monde.

Jus de fruit à la main, Magdalena a découvert la réouverture par surprise pendant une promenade. « C’est vraiment encourageant de voir que les choses redémarrent progressivement », explique cette trentenaire du quartier. « J’en suis ravie! »

Proche d’une entrée du marché, le stand « Basta falafels » est l’un de ceux qui attire le plus les badauds. « On a couru toute la matinée ! », explique le manager Stephan. « On voit beaucoup de visages familiers, des habitués venus nous soutenir pour la réouverture du marché », s’enthousiasme derrière son masque le jeune homme de 24 ans.

A deux pas de son restaurant de curry indonésien, John Knowles observe, un peu plus inquiet, les premiers clients. « Je pense qu’on ouvre trop rapidement, la population n’est pas prête ».

Ce sexagénaire a malgré tout rouvert pour remercier les gérants du marché, qui se sont montrés « solidaires » en suspendant les loyers pendant le confinement. Mais aussi par nécessité financière, après être « passé d’environ 10.000 livres par semaines à un revenu de zéro ».

Il apprécie malgré tout le visage temporaire du marché, sans touristes et « réorienté vers les Londoniens ».

« Il y a peut-être moins de monde », confirme Stephan, du stand de falafels. Mais dans ce marché qui abrite une statue en hommage à la chanteuse Amy Winehouse, morte en 2011 à 27 ans dans son domicile dans le quartier. « Mais l’atmosphère est restée la même, festive, avec beaucoup de musique », ajoute-t-il, pointant vers le premier musicien de rue revenu élire domicile dans le marché, « vous verrez de nouveau des esprits brillants et créatifs ! »

UN PARFUM DE NORMALISATION FLOTTE SUR L’EUROPE

Réouverture du Colisée à Rome, des boutiques du Grand Bazar d’Istanbul ou encore du marché de Camden à Londres: un parfum de normalisation flottait sur l’Europe lundi, mais l’OMS a averti que le coronavirus restait un « virus tueur » et ne perdait pas en virulence après les propos polémiques d’un célèbre médecin italien.

Si les précautions sanitaires d’usage et les strictes restrictions imposées aux voyages ont empêché l’afflux de grandes foules, de hauts lieux touristiques ont recommencé à accueillir le public sur le Vieux Continent tandis que l’Amérique latine se débat toujours avec une épidémie galopante.

« Nous profitons de l’absence des touristes étrangers pour venir nous balader », se réjouit Pierluigi, un Romain venu visiter pour la première fois le Colisée avec son épouse.

Site touristique le plus fréquenté de la péninsule, où ont déjà été rouvertes la basilique Saint-Pierre de Rome, Pompei ou encore la tour de Pise, l’imposant amphithéâtre de la Rome antique a accueilli près de 300 personnes qui avaient effectué une réservation en ligne, loin des 20.000 touristes quotidiens habituels.

En Espagne, où pour la première fois depuis trois mois le virus n’a pas fait de morts en 24 heures, c’est l’emblématique musée Guggenheim qui a rouvert ses portes, et à Istanbul le Grand Bazar, inaccessible au public depuis le 23 mars, une fermeture d’une durée inédite en près de six siècles d’existence.

« La vie continue et on attend les clients », affirme Yasar Sabuncu, un des quelque 30.000 commerçants du vaste marché couvert, après avoir rouvert son échoppe aux rayons garnis de souvenirs et de maroquineries.

« Le marché se réveille »

Malgré un récent rebond du nombre de nouveaux cas quotidiens, Moscou a autorisé ses commerces non alimentaires à rouvrir et ses habitants à sortir faire des courses, vêtus de masques et de gants, et à se balader jusqu’à trois fois par semaine selon un système de créneaux.

En Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe mais où le nombre de morts en 24 heures a été le moins élevé lundi depuis le début du confinement le 23 mars, c’était au tour du très touristique marché de Camden à Londres de rouvrir prudemment ses portes.

Signes de cet arrêt brutal, des dizaines de chauffages extérieurs, incongrus par cette chaleur, peuplent encore ses ruelles, désormais rejoints par les distributeurs de gel hydroalcoolique. « On dirait que le marché est en train de se réveiller », s’étonne John Jellesmark, un habitant du quartier.

Certaines écoles fermées depuis la mi-mars ont également rouvert.

En dépit des craintes d’une seconde vague, de nombreux autres pays européens ont allégé les restrictions sanitaires.

Les équipes engagées en Championnat d’Espagne de football ont repris l’entraînement collectif, dernière étape avant la reprise de la Liga prévue le 11 juin, tandis que la Finlande a rouvert ses restaurants et cafés, et la Norvège tous ses bars.

Au Pays-Bas, c’était notamment au tour du Musée Van Gogh et du Rijksmuseum d’Amsterdam. En revanche, les « coffee shops » ne peuvent servir que du cannabis « à emporter » aux amateurs.

Les Français, eux, attendent avec impatience la réouverture des cafés et restaurants mardi, ainsi que la levée de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 km de chez eux.

Quant aux Tchèques, ils pourront voyager dans la plupart des pays européens sans être soumis à un test Covid-19 au retour à partir du 15 juin.

Polémique en Italie

En Italie, qui a connu lundi la plus faible hausse quotidienne de nouveaux cas depuis le 26 février, un célèbre médecin et urgentiste a lui assuré que le coronavirus avait disparu du pays et qu’il était temps d’arrêter de « terroriser » inutilement les Italiens.

« Les prélèvements effectués au cours des dix derniers jours ont montré une charge virale absolument infinitésimale en termes quantitatifs par rapport à ceux effectués il y a un mois ou deux mois », a assuré dimanche le Dr Alberto Zangrillo, directeur de l’hôpital San Raffaele de Milan (Nord).

Ces propos ont provoqué une levée de boucliers des autorités et d’autres spécialistes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle assuré que rien ne permettait d’affirmer que le nouveau coronavirus était devenu moins pathogène.

Le nouveau coronavirus « reste un virus tueur » et « des milliers de personnes continuent de mourir chaque jour », a tenu à déclarer Michael Ryan, chef du programme d’intervention d’urgence à l’OMS.

Dans le monde, la pandémie a fait plus de 373.000 victimes pour plus de 6,2 millions de cas, selon un décompte réalisé lundi à 19H00 GMT par l’AFP à partir de sources officielles. Un bilan sans doute largement sous-évalué.

Premier ministre infecté

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a annoncé avoir été infecté par le nouveau coronavirus avec sa famille, alors que l’épidémie s’aggrave dans ce petit pays du Caucase dont les hôpitaux sont surchargés.

L’Iran a aussi fait état d’un pic inédit depuis deux mois, avec près de 3.000 nouvelles contaminations en 24 heures.

« Les gens semblent penser que le coronavirus est terminé » mais il est « loin de l’être », a averti le ministre de la Santé, Saïd Namaki. « Nous avons imploré les gens de ne pas organiser de mariages ou des funérailles mais ils n’ont pas écouté ».

Selon une étude de la Banque mondiale, le nombre de familles pauvres pourrait doubler cette année en Cisjordanie en raison de la pandémie.

Sur le continent africain, écoles et/ou universités ont rouvert au Cameroun et en Tanzanie bien que l’épidémie y progresse toujours. Au Pakistan, le Premier ministre Imran Khan a annoncé lundi la levée complète du confinement entamé fin mars, alors qu’une étude publique montre que le nombre de malades du nouveau coronavirus pourrait être sans commune mesure avec les chiffres officiels.

Le tableau reste sombre également en Amérique latine, devenue l’épicentre de la pandémie qui y a officiellement contaminé plus d’un million de personnes. Au Chili, de nouveaux records étaient atteints, avec un total de plus de 100.000 cas.

Au Brésil, de loin le pays le plus touché de la région avec plus de 500.000 cas et près de 30.000 morts, l’épidémie s’accompagne d’une montée des tensions politiques sur la façon d’y faire face.

Des affrontements ont éclaté dimanche soir à Sao Paulo entre partisans et adversaires du président Jair Bolsonaro qui minimise la gravité de l’épidémie.

Aux Etats-Unis, où le bilan de l’épidémie est le plus élevé au monde (104.658 morts comptabilisés), la crise sanitaire est aggravée par de profonds clivages politiques et, depuis une semaine, par une flambée de colère après la mort d’un homme noir pendant son interpellation par un policier blanc à Minneapolis, dans le Minnesota.

UN AIR DE LIBERTÉ RETROUVÉE EN France

Apprécier un café en terrasse ou sauter dans un train direction la plage : les Français regagnent mardi leur liberté, même si la prudence reste de mise face à un virus qui a fait près de 30.000 morts et provoqué un quasi arrêt de l’économie.

Grâce à la poursuite du ralentissement de l’épidémie depuis le début du déconfinement le 11 mai, le gouvernement a décidé le passage en phase 2, synonyme d’un quasi retour à la normale.

C’est ainsi la fin de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 km de chez soi, une mesure très attendue par des habitants de grandes villes avides de grand air ou des familles séparées par la distance pendant plus de deux mois.

« Peut-être que le weekend prochain, j’irai voir mes petits-enfants, enfin, qui sont à Nantes », raconte à Paris Linda Espallargas. « Mais je prendrai ma voiture pour être bien isolée parce que j’ai peur encore du virus, j’ai plus de 65 ans donc je me méfie ».

Après la réouverture des parcs et jardins partout samedi, les plages, musées, monuments, zoos ou encore les théâtres vont pouvoir rouvrir mardi, en respectant certaines règles de distanciation ou de port du masque. Pour les cinémas, il faudra attendre la phase 3, le 22 juin.

Laissés de côté lors de la première phase du déconfinement le 11 mai, les cafés, bars et restaurants sinistrés par plus de deux mois de fermeture se préparent activement depuis plusieurs jours à accueillir enfin du public.

« Optimisme »

« C’est l’optimisme qui règne aujourd’hui », assure Hervé Becam, vice-président confédéral de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih).

Optimisme parce que beaucoup de clients sont impatients. « J’ai déjà prévu d’aller boire quelques coups en terrasse profiter un peu de cette forme de liberté retrouvée et essayer de faire marcher un peu les commerces de proximité », raconte ainsi Eloi David, à Paris.

Mais certains établissements ne rouvriront pas tout de suite: trop compliqué ou pas rentable, notent certains.

En zones oranges (Ile-de-France, Guyane, Mayotte) encore placées en vigilance face au coronavirus, seules les terrasses pourront accueillir des clients. Et en zone verte, à l’intérieur, pas plus de dix clients par table et un mètre minimum entre chaque groupe.

Côté Education nationale, tous les collèges et les lycées de France vont ouvrir progressivement. En zone verte, tous les élèves sont concernés mais en zone orange, les collèges n’accueilleront prioritairement que ceux de 6e et de 5e.

« Notre objectif est que tout élève de collège, même en zone orange, ait de nouveau eu un contact physique avec son collège, pour des entretiens individuels, avant le départ en vacances », a assuré le ministre Jean-Michel Blanquer en fin de semaine dernière.

Ce volontarisme affiché se heurte cependant au volumineux protocole sanitaire. A tous les niveaux de la scolarité, avoir davantage d’élèves tout en respectant ce protocole veut dire qu’ils seront là moins souvent.

La réouverture des lycées, dont l’annonce était très attendue, sera « progressive » dans les zones vertes, avec une montée en charge « par niveau », a promis le ministre de l’Education nationale. En Ile-de-France, les élèves seront accueillis « en petits groupes » ou pour des « entretiens individuels » qui permettront, selon les besoins, de faire le point sur leur scolarité ou sur leur situation dans Parcoursup.

StopCovid

L’épidémie a tué 28.883 personnes en France, selon le dernier bilan publié lundi soir (+31 par rapport à la veille, mais il manque le décompte des Ehpad). Le nombre de patients en réanimation (1.302) continue de diminuer (-17).

Mais le virus est toujours en circulation alors les autorités sanitaires sont aux aguets pour détecter le moindre signe d’une reprise de l’épidémie et étouffer chaque nouveau foyer dans l’oeuf.

Pour aider à ce contrôle de la propagation du virus, l’application de traçage StopCovid doit être disponible mardi à partir de midi, en téléchargement volontaire sur les téléphones portables.

« On a besoin qu’un maximum de gens l’ait », a affirmé le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O, précisant que les habitants des villes étaient visés en priorité, là où le virus circule le plus.

En cas de nouvelle vague, le gouvernement a déjà prévenu que des mesures de reconfinement pourraient être prises, notamment des restrictions de circulation imposées par les préfets au niveau local.

Mais un nouveau confinement d’ampleur viendrait frapper une économie qui redémarre à peine, avec une récession de 8% évoquée par le gouvernement pour 2020.

« Le pays va devoir se battre contre l’impact d’une récession historique », a prévenu le Premier ministre Edouard Philippe.

(avec Afp)

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