Plus de six millions de personnes ont été contaminées par le nouveau coronavirus à travers le monde, avec une forte expansion au Brésil, devenu le quatrième pays le plus endeuillé par la pandémie qui continue de ralentir fortement l’économie mondiale.
L’Amérique latine est devenue le principal terrain de progression de la maladie, et le Brésil s’est érigé samedi au rang du quatrième pays en termes de décès liés au Covid-19. Selon le ministère de la Santé, 28.834 personnes sont mortes de la maladie apparue en Chine en décembre, un bilan qui le place derrière les Etats-Unis (103.758 morts), le Royaume-Uni (38.376) et l’Italie (33.340) et devant la France (28.711). Et 465.166 personnes y ont été infectées.
Face à ces chiffres -que des experts jugent largement sous-évalués-, l’appel du président d’extrême droite Jair Bolsonaro à une reprise des championnats de football a créé la polémique.
« Jeunes et sportifs »
« Comme les footballeurs sont jeunes et sportifs, le risque de mort s’ils attrapent le virus est infiniment réduit », a-t-il déclaré, fidèle à son discours minimisant la pandémie, au nom de la préservation de l’économie.
Chez le voisin péruvien, deuxième pays d’Amérique latine le plus touché, plus de 155.000 cas ont été confirmés et 4.371 morts.
En Bolivie, quatre des neuf régions du pays, dont Santa Cruz de la Sierra, la plus touchée, ont annoncé samedi qu’elles allaient étendre les mesures de confinement, à l’encontre des décisions du gouvernement central.
Le vice-président équatorien Otto Sonnenholzner a lui annoncé que les îles des Galapagos, patrimoine naturel de l’humanité, rouvriraient au tourisme à partir du 1er juillet.
« Nous pouvons déjà commencer à penser à l’avenir, à la réactivation, à ce que les Galapagos deviennent très bientôt la première destination touristique sûre en termes de santé », a-t-il déclaré.
Alors que le Covid-19 a fait plus de 366.000 morts dans le monde, la décision du président américain Donald Trump de couper définitivement les vivres à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’il accuse de complaisance envers la Chine, a provoqué la stupeur.
L’Union européenne lui a demandé samedi de reconsidérer sa décision. « La coopération et la solidarité mondiales par le biais d’efforts multilatéraux sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner cette bataille à laquelle le monde est confronté », a-t-elle déclaré.
Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet, a dénoncé une décision « folle et terrifiante », et accusé le gouvernement américain de « joue(r) au voyou en pleine urgence humanitaire ».
M. Trump avait annoncé le mois dernier suspendre la contribution financière des Etats-Unis au budget de l’OMS, dont ils étaient le principal bailleur de fonds, avant d’annoncer vendredi qu’il rompait tout lien avec l’agence onusienne.
L’Europe poursuit le déconfinement
Avec l’amélioration de la situation sanitaire en Europe, les restrictions continuent d’y être levées.
L’Italie a rouvert au public samedi la Tour de Pise, un des plus célèbres symboles de l’attrait touristique du pays.
En France, la population a pu renouer avec ses parcs et ses jardins après plus deux mois de fermeture.
En Espagne, les clubs du championnat de football pourront lundi se remettre à l’entraînement collectif « total », dernière étape avant le redémarrage de la compétition le 11 juin.
L’Espagne pourrait permettre le retour des touristes allemands, français ou scandinaves dès la deuxième quinzaine de juin dans le cadre d’un projet pilote dans les archipels des Baléares et des Canaries.
Cependant au Royaume-Uni, de nombreux experts et membres de l’opposition jugent « prématurée » la décision du gouvernement de passer lundi à la phase suivante du déconfinement.
« Je pense que c’est risqué (…) car nous avons toujours un grand nombre de cas dans le pays », a déclaré John Edmunds, membre du comité scientifique conseillant le gouvernement, soulignant que « l’Angleterre seule connaît près de 8.000 nouvelles contaminations par jour ».
Un monde « meilleur ou pire »
Soucieuse comme d’autres pays de relancer sa machine économique, l’Inde a aussi annoncé samedi un assouplissement du confinement malgré un nouveau record quotidien de contaminations. A compter du 8 juin, édifices religieux, hôtels, restaurants et centres commerciaux pourront rouvrir.
Le PIB indien a connu au 1er trimestre sa croissance la plus faible depuis 20 ans.
Les dommages économiques provoqués par la pandémie ont poussé le Chili et le Pérou à demander des lignes de crédit sur deux ans au Fonds monétaire international (FMI) pour un total de presque 35 milliards de dollars.
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Italie a chuté de 5,3% au premier trimestre par rapport au précédent, de même que celui de la France, qui entre en récession.
L’économie canadienne s’est contractée de 8,2% en rythme annuel au premier trimestre, la chute la plus brutale depuis début 2009.
En Thaïlande, des millions de personnes qui vivaient de petits boulots avant la crise sanitaire se retrouvent sans revenus.
« Sans les dons de nourriture, je vais devoir me battre encore plus pour que ma famille survive », déplore Thanapat Noidee, qui avant la crise était moto-taxi et sa femme livreuse à Bangkok, quasi-fermée depuis deux mois.
Le pape François a prévenu que « tout sera différent » après la pandémie planétaire du nouveau coronavirus, dont l’humanité ressortira « meilleure ou pire », dans un message samedi soir, appelant à une « société plus juste et plus équitable ».
A Jérusalem, l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, a rouvert ses portes tôt dimanche matin après plus de deux mois de fermeture due à la pandémie.
Dès l’aube, les premiers fidèles, le visage couvert de masques sanitaires, ont pu pénétrer dans l’enceinte de l’Esplanade située dans la vieille ville de Jérusalem, avant la première prière de la journée.
LE POINT SUR LA PANDÉMIE DANS LE MONDE
Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants : un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 369.000 morts dans le monde.
Plus de six millions de cas
La pandémie a fait au moins 369.086 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à 11h00 GMT.
Plus de six millions de cas ont été diagnostiqués depuis le début de l’épidémie dans 196 pays et territoires.
Les Etats-Unis sont le pays le plus lourdement touché en valeur absolue, avec 103.781 décès. Suivent le Royaume-Uni (38.376), l’Italie (33.340), le Brésil (28.834), la France (28.771) et l’Espagne (27.125).
Mais en proportion de la population, hors micro-Etats, c’est en Belgique que la mortalité est la plus élevée (817 morts par million d’habitants), devant l’Espagne (580), le Royaume-Uni (565), l’Italie (551), la France (441), la Suède (435), les Pays-Bas (347), l’Irlande (334) et les Etats-Unis (313).
Trump reporte le G7
Le président américain Donald Trump a annoncé qu’il allait reporter à une date non précisée le sommet du G7 prévu en juin aux Etats-Unis. Il pourrait avoir lieu à l’automne dans une version élargie à d’autres pays comme la Russie, la Corée du Sud, l’Australie et l’Inde.
Les dirigeants devaient initialement se réunir par vidéoconférence fin juin en raison de l’épidémie de coronavirus, mais M. Trump avait souhaité la semaine dernière que le sommet ait finalement lieu à la Maison Blanche. La chancelière allemande Angela Merkel avait été la première dirigeante du groupe à décliner formellement cette invitation.
Refus de déconfiner
Quatre des neuf régions de Bolivie, dont la plus touchée par le coronavirus Santa Cruz de la Sierra, ont annoncé qu’elles allaient étendre les mesures de confinement, contrairement aux décisions du gouvernement qui veut relancer l’économie du pays. L’exécutif bolivien avait décidé la levée à partir de lundi de certaines restrictions en vigueur depuis mars.
« Meilleure ou pire »
« Tout sera différent » après la pandémie, dont l’humanité ressortira « meilleure ou pire », a prévenu le pape Français samedi soir dans un message vidéo à l’occasion de la fête de la Pentecôte. Il a appelé à une « société plus juste et plus équitable ».
L’esplanade des Mosquées rouvre
A Jérusalem, l’esplanade des Mosquées a rouvert dimanche après deux mois de fermeture pour cause de pandémie. Au cours des dix dernières semaines, les muezzins avaient appelé les fidèles à prier, mais chez eux, et ce même pendant le mois saint du ramadan qui s’est terminé la semaine dernière.
Bolsonaro veut du foot
Le président brésilien Jair Bolsonaro, grand pourfendeur des mesures de confinement, souhaite la reprise des championnats de football dans son pays où ce sport est roi. Selon lui, les footballeurs étant « jeunes et sportifs », le risque qu’ils décèdent du Covid-19 est « infiniment réduit ».
Le Brésil est désormais, avec les Etats-Unis, le pays enregistrant les plus lourds bilans quotidiens de victimes du coronavirus.
Concert aux fenêtres
Un hôtel de Vienne a transformé pour une soirée ses chambres en loges d’opéra et sa cour en scène, pour un rare concert, alors que la vie culturelle autrichienne reste à l’arrêt à cause des restrictions imposées pour lutter contre le coronavirus.
En Belgique : un robot prend la température des patients et vérifie le port du masque
Quand les patients belges craignant d’avoir été contaminés par le coronavirus se rendent à l’hôpital universitaire d’Anvers, le premier visage qu’ils voient n’est pas celui d’une infirmière masquée mais d’un robot vaguement humain.
Le robot prend leur température et s’assure qu’ils portent correctement un masque avant d’évaluer la probabilité et la gravité de l’infection et de les diriger vers la partie appropriée de la clinique.
Quand les patients belges craignant d’avoir été contaminés par le coronavirus se rendent à l’hôpital universitaire d’Anvers, le premier visage qu’ils voient n’est pas celui d’une infirmière masquée mais d’un robot vaguement humain.
L’appareil, construit par l’entreprise belge Zorabots, salue les arrivants et lit les données du patient fournies par un questionnaire rempli au préalable par le potentiel malade.
Le robot prend leur température et s’assure qu’ils portent correctement un masque avant d’évaluer la probabilité et la gravité de l’infection et de les diriger vers la partie appropriée de la clinique.
Ce n’est certes pas un diagnostic, mais c’est une étape utile qui réduit les contacts de l’équipe médicale avec des patients potentiellement infectés avant leur admission à l’hôpital.
« Si le patient a de la température ou ne porte pas correctement son masque, il apparaît sur l’écran le message suivant: « vous avez un problème, vous ne pouvez pas entrer directement à l’hôpital », explique le docteur Michael Vanmechelen.
« Vous devez alors être examiné. Le robot ne travaille jamais seul, il agit toujours en soutien d’un employé de l’hôpital qui y travaille », ajoute-t-il.
En cette période de retour progressif à la normale, après un confinement de la population qui a duré plus de deux mois en Belgique, « il va y avoir une multitude de personnes qui vont devoir être testées », estime Fabrice Goffin, l’un des codirigeants de Zorabots.
« L’avantage de ce robot c’est qu’il peut vérifier non seulement la température du patient mais aussi s’il porte un masque », ajoute-t-il.
Avec plus de 9.000 morts, la Belgique a enregistré l’un des taux de mortalité les plus élevés du monde par nombre d’habitants.
Un chiffre qui est toutefois à prendre avec certaines précautions puisque la Belgique intègre dans son bilan même les cas non confirmés par un test mais simplement suspects quand une personne décède dans une maison de retraite où ont été découverts des cas de coronavirus.
(avec Afp)