RDC : Suspense à l’Assemblée nationale

Après la déchéance de Jean-Marc Kabund lundi dernier, il est tôt et même très tôt, de parier sur le nom de son successeur à ce poste. Toutefois, les spéculations vont bon train. Des sources très proches de l’UDPS, font état de plusieurs ambitions qui seraient déjà manifestées au sein du parti présidentiel. Dans cette foire aux supputations, certains noms sont même cités. En l’occurrence Léon Mubikay, Rémy Massamba, Paul Tshilumbu et Henriette Wamu. Bien que théoriquement vacant, le poste de 1er vice-président du Bureau de la représentation nationale, ne fera l’objet d’aucun appel à candidature. Car, ce siège revient de droit au parti présidentiel, conformément à son deal avec la famille politique de Joseph Kabila, Président de la république honoraire. Sur base de ce compromis politique, il revient à l’Udps de présenter et non proposer, à l’Assemblée plénière de la chambre basse du parlement, le député national que le parti aura désigné pour occuper ce poste. Le député national Jean-Jacques Mamba a quitté la résidence surveillée à l’hôtel Belle vue où il était assigné depuis le samedi 23 mai. Dès lors, l’auteur de la pétition pour la destitution de Jean-Marc Kabund savoure le triomphe, après le bras de fer qui l’a opposé au 1er Vice-président de l’Assemblée nationale.

L’impératif du bon choix

Ce n’est plus l’occasion de remuer le couteau dans la plaie, pour rappeler à l’UDPS, la cause de l’éviction de son membre du poste de premier vice-président du Bureau de l’Assemblée nationale. Ce qui est arrivé étant arrivé, d’aucuns pensent que le parti de la 11ème rue Limete devra retenir la leçon et en tirer les conséquences nécessaires. Et, dans cette perspective de trouver le remplaçant de Jean-Marc Kabund, l’impératif du bon choix s’impose aux dirigeants du parti présidentiel. En tout cas, ce ne sont pas de ressources qui feraient défaut à l’Udps.

Sans s’immiscer dans la cuisine interne de la première formation politique du CACH, plateforme en coalition avec le FCC, des observateurs conseillent toutefois, de tenir compte de l’expertise. Même si politiquement, le mot « expertise » reste discutable dans la praxis, il est de notoriété publique qu’en politique, certains postes de haute responsabilité requièrent un casting sans complaisance. En tout cas, celui de premier vice-président de l’Assemblée nationale n’est pas moindre.

Etant donné l’urgence et la nécessité de pourvoir le siège de la « deuxième marche » du perchoir de la Représentation nationale, les sociétaires de l’Udps semblent ne pas bénéficier de faveurs du temps. Naturellement, le staff dirigeant du parti cher au président Félix Tshisekedi, pourrait se voir confronter à Une difficulté réelle de gestion des ambitions en interne.

Verrait-on le Président du Groupe parlementaire UDPS et Alliés s’installer dans le fauteuil de 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale ?Ce serait dans l’ordre logique des choses. Mais politique ne rime pas toujours avec logique.

Même si le nom de Rémy Massamba relève encore de la radio trottoir, des analystes avertis n’entendent pas pronostiquer en faveur de ce cadre de l’UDPS. Pour des raisons très faciles à comprendre. La principale est que le concerné a déjà occupé le poste de deuxième Vice-Président au cours de la dernière législature (2011-2018). Mais, la présence dans l’Hémicycle de cet ancien Secrétaire général du parti tshisekediste n’était pas du goût du lider maximo qui avait appelé les siens à boycotter l’Assemblée nationale. Toujours est-il qu’en politique, rien n’est impossible. Les intérêts primant parfois sur le bon sens, personne ne saurait intenter un procès contre les décideurs de l’Udps, au cas où ils jetteraient leur dévolu sur ce dernier.

S’agissant d’Henriette Wamu, un appel d’offre régulier écrirait sans doute, la traditionnelle incise: « les candidatures féminines sont fortement encouragées ». Un bémol, l’élue de Funa a l’inconvénient de ne pas être UDPS de souche. Henriette Wamu faisant partie des alliés du parti présidentiel. Qui sait, l’UDPS pourrait chercher à récompenser cette dame au grand courage.

Il faut rappeler que le futur remplaçant de Jean-Marc Kabund ne fera pas l’objet d’un vote. Le bureau prendra seulement acte de la volonté de l’UDPS, avant la présentation de l’intéressé à la plénière. La session ordinaire de mars en cours devant se clôturer dans 19 jours maximum, soit le 15 juin prochain, d’aucuns souhaitent que la pourvoyance du poste de 1er vice-président de la chambre basse du parlement intervienne avant la fin constitutionnelle de ladite session. 

VIVE TENSION HIER À L’UDPS

La tension est vite montée mardi 26 mai après la destitution de Jean-Marc Kabund au poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale. Des échauffourées ont été signalées, à cet effet, dans quelques provinces du pays.

Hier aux premières heures de la matinée, les motocyclistes communément appelés  » Wewa  » se sont massés à la 10ème rue Limete à l’annonce de la réunion du directoire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). C’est Augustin Kabuya, en sa qualité de secrétaire général, qui devait en assurer la présidence.

Plusieurs dizaines de militants en colère commentent sur l’avenir de la coalition CACH-FCC. Ils attendent d’être fixés sur l’option qui sera prise à l’issue de cette rencontre en souhaitant la rupture avec le FCC. Ils disent attendre  » le mot d’ordre  » des responsables du parti avant de réagir. Quelques-uns ont tenté de brûler des pneus mais la situation s’est par la suite apaisée.

Les bureaux du et ACDD saccagés 

A Mbuji-Mayi, chef-lieu Kasai-Oriental, les bureaux provinciaux du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et de l’Alliance chrétienne pour la démocratie et le développement (ACDD), tous deux membres du Front commun pour le Congo (FCC) ont été saccagés dans l’avant-midi de la journée d’hier.

Des sources locales parlent des portes et fenêtres du bureau provincial du PPRD à Mbuji Mayi sur l’avenue Kalonji été emportées et une partie de la toiture fortement endommagée. Aussi, a-t-on fait savoir, les documents et d’autres matériels du bureau ont été brulés.

En outre, le bureau de l’ACDD situé à plus ou moins 200 mètres du PPRD, s’est retrouvé sans porte, documents brulés et d’autres bien jetés sur la route.

Les témoins relayés par lesdites sources affirment que la police est intervenue pour rétablir l’ordre en usant des gaz lacrymogènes pour les disperser les manifestants.

Violences au haut Katanga

À Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga, apprend-on, les échauffourées ont été signalées entre la police nationale et les militants de l’UDPS qui ont brûlé des pneus en tentant de perturber la circulation.

Les militants de l’UDPS ont manifesté à Matshipisha, un quartier de Lubumbashi à la sortie de la capitale du cuivre vers la Zambie.

En fin de matinée, à Lubumbashi où ils étaient signalés, la circulation était perturbée dans le secteur Gécamines STL. Des barrages des pneus brûlés ont été perceptibles à Bilanga et à Kasumbalesa.

Cette violence fait suite à la destitution de Jean-Marc Kabund, premier vice-président de l’Assemblée nationale et président intérimaire de l’UDPS. Sur un vote de 289 pour, 17 contre et 9 abstentions sur un total de 315 votants. 

MAMBA TRIOMPHE, KABUND SUCCOMBE

C’est depuis mercredi 27 mai que le député national Jean-Jacques Mamba hume de nouveau l’air de la liberté. Relâché, il a quitté la résidence surveillée à l’hôtel Belle vue où il était assigné depuis le samedi 23 mai. Dès lors, l’auteur de la pétition pour la destitution de Jean-Marc Kabund savoure le triomphe, après le bras de fer qui l’a opposé au 1er Vice-président de l’Assemblée nationale.

L’élu de la Lukunga peut à nouveau siroter son verre de lait en toute quiétude. Cible des attaques de ses pourfendeurs, il est aujourd’hui fier de se tirer des ennuis de la Justice. Lui qui, hier encore, était accusé de  »faux et usage de faux ».

L’accusateur n’était autre que son collègue Simon Mpiana Ntumba, du groupe parlementaire Cap pour le changement (Cach). Le député national de l’UNC niait, en effet, avoir apposé sa signature sur la pétition initiée par l’élu du MLC, qui a abouti à la destitution du 1er vice-président de l’Assemblée nationale.

Liberation

Jean-Jacques Mamba a recouvré sa liberté après quatre jours de détention. L’arrêt de la Cour de cassation l’autorisant à quitter la résidence surveillée est tombé hier mercredi 27 mai, à l’issue d’une audience qui s’est tenue en fin d’après-midi.

Cette décision de la haute instance judiciaire du pays est une réponse à la demande de l’Assemblée nationale qui a jugé arbitraire l’arrestation de l’élu du MLC, tout en exigeant sa relaxation. Pour vérifier cette accusation, une commission spéciale avait été mise en place au niveau de l’Assemblée nationale pour confirmer la véracité des propos du député Simon Mpiana. La commission a fini par conclure que le plaignant avait bel et bien signé la pétition.

Triomphe 

Jean-Jacques Mamba va désormais reprendre ses activités à l’Assemblée nationale. Une victoire pour la défense de l’élu de Lukunga, qui avait soulevé l’exception menant la Cour à se retirer pour statuer sur la requête de la chambre basse du Parlement, rapporte politiquerdc.net.

Le ministère public a jugé cette démarche conforme à l’article 107 de la Constitution et à l’article 73 sur la Cour de cassation. A la suite de l’arrêt de la Cour de cassation, cette procédure judiciaire est suspendue jusqu’à la fin de la session parlementaire de mars.

Dans sa pétition envoyée le 13 mai dernier à Jeanine Mabunda, la présidente de l’Assemblée nationale, Jean-Jacques Mamba réclamait la déchéance de Jean-Marc Kabund de son poste, arguant de l’absence de réponse à des courriers que le député d’opposition lui avait adressés concernant la polémique autour de l’organisation du Congrès pour la prorogation de l’Etat d’urgence. Il avait notamment enjoint le 1er vice-président de la Chambre de justifier le montant de 7 millions de dollars que Kabund avait brandi pour expliquer son opposition à l’organisation du Congrès.

Son arrestation le samedi dernier en culotte avait, dès lors soulevé un tollé parmi les députés. Réunie le même jour, la conférence des présidents avait exigé la libération immédiate du député MLC, parce que, à leurs yeux, cette arrestation était  »arbitraire ». 

ADIEU DE FATSHI À CHARLES KILOSHO

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a rendu, mardi 26 mai, un vibrant hommage à son directeur de communication adjoint, Charles Kilosho, décédé le 23 mai dernier courant.

Fatshi a déposé une gerbe des fleurs et s’est incliné sur le cercueil de l’illustre disparu à la salle d’exposition de l’hôpital du cinquantenaire, puis le Chef de l’Etat est allé consoler la veuve éplorée de collaborateur.

Charles Kilosho était admis en soins près d’une semaine plus tôt au Centre Médical de Kinshasa (CMK) où il est décédé samedi 23 mai matin, selon la la presse présidentielle.

Nommé par ordonnance présidentielle depuis mars 2019, Charles Kilosho faisait également partie de la Task Force de la Présidence de la République, chargée de lutter contre la Covid-19. 

(avec ForumDesAs)

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