Il est de plus en plus clair, surtout à la lumière du décryptage par la Radio France internationale (Rfi) de la richesse du clan Harish Jagtani parti du néant comme Joseph Kabila que la problématique du nettoyage de cette racaille qui vampirise les congolais reste posée. Dans la manière dont le pays est dirigé par des vautours bicéphales, la réalité demeure complexe et il reste la quadrature du cercle : est-ce que F. Tshisekedi, cette marionnette placée par Kabila pour sécuriser ses biens a-t-il la capacité de mettre un terme à ce système de captation de l’Etat par des clans qui croient que la Rdc leur appartient comme une ferme privée ? La situation est si grave aujourd’hui qu’il faut accompagner le peuple congolais à découvrir et comprendre la complexité des structures mafieuses mises en place par Kabila avec d’autres clans pour détruire la Rdc et nuire le pays en termes de bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté. Saisissant cette opportunité, nos regards doivent être portés vers ces familles mafieuses qui sont comptables des massacres, de votre misère peuple congolais, du chômage des jeunes, de l’émergence des maladies endémiques afin de poursuivre notre lutte pour le bien-être du peuple. Même si toute cette mafia se déroule sous le regard bienveillant des élites congolaises corrompues, est-ce que les citoyens doivent ils seulement attendre l’élection d’un autre président en 2023 pour espérer voir venir ce ménage à l’instar de ce qui s’est passé en Angola sous l’impulsion du président Joao Lourenço et en Afrique du Sud avec l’élection de Cyril Ramaphosa en ce qui concerne la famille Gupta ? De toute façon, il faut être révulsé par cette capture de l’Etat par ces différents clans qui siphonnent les caisses de l’Etat et distillent l’argent des banques comme bon leur semble. Pour le moment il faut conscientiser les congolais de la gravité de la situation pour que la pauvreté en Rdc ne soit pas une fatalité.
Pour ce qui est de notre pays, nous percevons vite qu’un tournant devra être pris aujourd’hui ou dans trois ans sinon c’est tout le pays qui tombera dans un profond trou. Faut il accorder l’impunité à tous ceux qui ont excellé dans l’économie illicite de nos ressources ? Congolais,continuerons -nous à accepter de voir souvent nos parents, nos frères et soeurs sombrer dans une pauvreté et précarité qui n’ont pas de nom dans un pays tirant une forte rente de l’exploitation de matières premières ? Non et non. Pourquoi certains pays du sud tels que le Botswana, la Namibie, le Ghana performent mieux à la fois économiquement, politiquement, socialement alors que d’autres affichent des résultats médiocres comme la Rdc? Comparativement aux pays dont les ressources naturelles ont été une bénédiction pour les peuples en l’occurrence l’Australie, le Canada, le Botswana, la Norvège, la Rdc demeure l’exemple par excellence de la malédiction des ressources. Cette persistance du mal se justifie par la défaillance de l’Etat dont les dénominateurs communs sont l’absence d’autorité centrale, le non respect des droits de l’homme, la mauvaise volonté politique pour répondre aux besoins fondamentaux de la population. Dans un Etat défaillant se développent une criminalité organisée, une corruption massive des élites politiques. L’extrême pauvreté, les maladies endémiques, l’absence d’avenir pour les jeunes sont la résultante des Etats défaillants. Quand le peuple reste prisonnier de la pauvreté et n’a guère de chances de voir les conditions de vie s’améliorer sensiblement, c’est une nouvelle démocrature qui s’installe et il faut la combattre haut et fort.
Le grand signal de la lutte contre l’impunité: faire le ménage des clans pilleurs
En Angola, le président Joao Lourenço a réussi à faire le ménage dans un contexte difficile puisqu’il jouissait d’une forte légitimité s’enracinant sur une vraie alternance politique se fondant sur une majorité parlementaire, un gouvernement fort, une rénovation complète de l’Etat major des Forces armées angolaises ,des services de renseignements et d’autres dispositifs institutionnels. L’histoire de la chute du clan dos Santos est très révélatrice d’une famille qui a mis main basse sur toutes les ressources naturelles de l’Angola pendant 38 ans. Jusqu’ avant l’élection de Joao Lourenço, le clan dos Santos était intouchable. Le président José Eduardo dos Santos considérait le pays comme sa propriété privée. Il distribuait durant son règne les richesses nationales et postes de responsabilités à ses proches. Isabel est devenue en 2013 la première femme africaine milliardaire , car elle avait des positions dans l’industrie du diamant, des banques, des télécoms, de l’immobilier et le commerce tandis que le fils aîné José Filomeno était bien servi en gérant le Fonds souverain angolais de l’ordre de 5 milliards de dollars. Aucun secteur économique n’échappait au contrôle du clan dos Santos. D’ailleurs les révélations des « Luanda Leaks » » en partenariat avec le Consortium International des journalistes d’investigation (ICIJ) ont mis à jour l’ampleur des biens mal acquis par Isabel dos Santos.
Après les élections de 2017, le président Joao Lourenço a bien décidé de faire le ménage dans la garde rapprochée de son prédécesseur, ce qui était très important sans oublier un nettoyage dans des instances dirigeantes du parti, des institutions et des entreprises publiques au nom de la lutte contre la corruption et du redressement national. Aujourd’hui rien ne va en Angola pour la famille de José Eduardo dos Santos, Isabel est accusée de détournements. Elle est sous le coup d’une enquête judiciaire, plus d’1 milliard des dollars ont été détournés des comptes des entreprises publiques Sonangol et Endiama selon les enquêtes des autorités angolaises, le fils aîné accusé d’avoir détourné 500 millions de dollars de Fonds publics, le mandat de députée de la fille cadette suspendu. Si le nom de l’ancien président n’est pas sur la liste de dos Santos en délicatesse avec la justice, il faut souligner que José Eduardo dos Santos ne se fait pas prendre par la justice angolaise. Somme toute, il faut féliciter le président Joao Lourenço d’avoir mis un terme au siphonnage des caisses du pays .Les pilleurs connaissent soit la fuite, soit la mort ou l’emprisonnement.
En Afrique du Sud, la fratrie Gupta, d’origine indienne qui est sous le collimateur de la justice sud africaine a été impliquée dans des nombreuses affaires de corruption jusqu’au sommet de l’Etat. Après avoir bâti pendant 20 années un empire financier qui employait plus de 4000 personnes dans les mines de charbon, d’uranium,dans les médias et le transport,les trois membres de la puissante et sulfureuse famille, les Gupta ont fui le pays pour se soustraire de la justice. Ils ont d’ailleurs été accusés par le Trésor américain d’être engagés dans une vaste pratique de corruption et de pots-de vin pour obtenir des contrats gouvernementaux , volé des centaines de millions de dollars à travers des stratagèmes illicites avec le gouvernement ».
Les activités en Rdc du clan Harish Jagtani d’origine indienne avec la famille Kabila ,ce n’est que la partie immergée de l’iceberg . Comparativement à la fratrie Gupta, il s’agit toujours du même modus operandi: la captation de l’Etat. Même si Joseph Kabila a démenti d’être l’un des proches de Tagtani, mais Rfi a apporté » des nouvelles preuves d’une dizaine de clichés attestant des rapports chaleureux entretenus entre le couple indien et l’épouse de Joseph Kabila ». C’est l’histoire d’un menteur patenté, celle de monsieur Kabila. Comment un jeune immigré indien qui arrive à Kinshasa en 1995 dépendant de la générosité de l’un de ses compatriotes, Parmanand Daswani puisse aujourd’hui devenir millionnaire ? L’origine de cette fortune est illicite. Au moment où des hommes d’affaires d’origine congolaise peinent d’obtenir des crédits à la banque , des investisseurs étrangers sulfureux qui placent leur argent dans des paradis fiscaux ont librement accès au capital et aux garanties bancaires. C’est une histoire d’un vaste système de corruption et de blanchissement d’argent. Tous ces pilleurs ont un autre dénominateur commun : ils partent du néant et sont tous des losers.
Dans une interview de 2006 au journal belge Le Soir , la mère de Joseph déclarait: « si la vie dans le maquis était dure, c’était deux fois pire en Tanzanie . On n’avait rien… Je cultivais un petit lopin de terre et vendais mes légumes au marché comme n’importe quelle pauvre femme africaine ». Le rapport du Groupe d’étude sur le Congo et le Pulitzer Center on Crisis Reporting, publié le 20 juillet 2017 et intitulé « Les richesses du président » fait suite aux révélations de l’agence Bloomberg. Ce rapport révèle l’étendue de la corruption au sommet de l’Etat congolais. Suivant ces experts, après 20 mois d’enquête sur des documents publics légaux, des titres de propriétés, des documents de constitution de sociétés, des procès verbaux de conseil d’administration, les Kabila détiennent plus de 80 entreprises au Congo et à l’étranger, 71000 hectares de terres agricoles et toutes les licences d’exploitation des mines de diamants situées le long de la frontière avec l’Angola. Jaynet Kabila détient à elle seule 53 permis d’exploitation minière alors que le code minier congolais interdit d’en avoir plus de 50. Selon le rapport encore, Joseph Kabila s’est montré incapable de bien gérer la Rdc, bien évidemment au regard de ses déficits intellectuels et politiques.
D’autres affaires importantes doivent être jugées pour prétendre à l’indépendance de la justice
Aujourd’hui la problématique de la démocratie et de la redistribution des richesses est bien posée en Rdc pour éviter une chute libre du pays et l’augmentation irréversible du nombre des pauvres . Face au système de captation de l’Etat par certains clans, lequel système qui s’enracine sur une corruption de haut niveau en infiltrant l’Etat afin de rafler de juteux contrats en associant des membres de la famille présidentielle et actionner la machine à flux financiers illicites vers des paradis fiscaux, il est impératif que la justice congolaise, pour prouver qu’elle n’est pas instrumentalisée ouvre des enquêtes au nom de la lutte contre la corruption pour toutes les affaires. Même si aujourd’hui Joseph Kabila et les membres de son clan passent entre les mailles du filet pour des nombreuses affaires auxquelles ils sont impliqués, ils doivent répondre pour tous les préjudices causés à l’économie congolaise et surtout au peuple congolais.Si la justice actuelle ne dévoile pas son vrai visage d’indépendance, il serait évident pour ceux qui restent encore gogos ou fanatiques de découvrir l’autre visage : celui d’outil de servitude ou d’instrumentalisation de la justice constituant l’un des déficits démocratiques inhérents aux dictatures . Qu’en est-il du projet Bukanga Lonzo qui a été la plus grande escroquerie d’Etat depuis la zairianisation ?
Ce projet du parc agro-industriel a été une arnaque , une action fut menée par les sud africains contre l’Etat congolais pour escroquerie et usurpation de leur parc agro-industriel. L’arrêt des activités en 2018 du parc agro-industriel que nous qualifions dans notre tribune de mort-né était pressenti dès sa création en 2014. Cette option d’industrialisation de l’agriculture ne fut qu’un leurre répondant comme d’habitude aux vieux réflexes des certains responsables habitués aux faux montages financiers pour voler l’argent des contribuables congolais.Où sont partis donc les 200 millions dépensés pour construire ce parc ? L’ancien premier ministre Matata Ponyo voulait faire passer le parc comme un investissement du gouvernement congolais qui aurait coûté 86 millions de dollars alors que la véracité des faits prouvent le contraire. Selon les sud africains ce parc avait été construit avec leur propre argent sans aucune contribution financière du gouvernement congolais. Dans le projet hydro-électrique de Busanga, il n’est pas facile d’identifier les vrais propriétaires de COMAN, toutes les informations concernant cette entreprise prouvent que c’est une société fictive. Est-il légal qu’une entreprise privée telle Coman puisse représenter l’Etat dans un gros projet alors qu’il y a des entreprises du Portefeuille congolais dans le secteur ? Pour le projet Kamoa-Kakuta à Kolwezi regroupant un potentiel de 50 millions de tonnes représentant une valeur de 310 milliards de dollars au prix actuel du cuivre, est-il encore légal qu’une entreprise minière canadienne Ivanhoe vienne conclure des accords commerciaux avec des entreprises privées minières dont la majorité appartient à Zoé Kabila au moment où il y a des entreprises de l’Etat dans ce secteur ?
La liste est trop exhaustive. Le destin de tous ces pilleurs qui font saigner le pays est déjà bien scellé, demain ils fuiront ou jetés en prison. A chaque chose il y a un début et une fin et bientôt la nouvelle révolution sonnera le glas du pillage systématique de nos ressources par tous ces étrangers sulfureux. Un adage populaire dit : » Bien mal acquis ne profite jamais ». Après Mobutu qui fut corrompu, nous avons Joseph Kabila l’hyper corrompu. Ces clans disparaîtront comme le sont les clans dos Santos en Angola , Gupta en Afrique du Sud, Ben Ali ou Kadhafi. Ce n’est pas avec F. Tshisekedi dont le logiciel est connecté à celui de son prédécesseur qu’il y aura un ménage de toutes ces affaires des maniaques oligarques vampirisant le peuple congolais. Nous appelons tous les congolais à renforcer les capacités de combat politique et toujours croire à un autre changement.
(Profeseur Florent Kaniki)