Leila Zerrougui, Cheffe de la Monusco en RDC.
Leila Zerrougui, Cheffe de la Monusco en RDC.

Est de la RDC : Recrudescence des attaques de groupes armés locaux et étrangers contre les civils

Dans un contexte national et international dominé par la pandémie du Covid-19, la représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu en RDC, Leila Zerrougui, se dit « gravement préoccupée » par la recrudescence des attaques de groupes armés locaux et étrangers contre la population civile dans l’est du pays. « Malgré l’urgence que représente la gestion de la pandémie de Covid-19, la Monusco s’efforce de s’adapter aux contraintes, dans le respect des recommandations sanitaires, afin de poursuivre ses actions de protection des civils et d’appui aux forces de sécurité congolaises », souligne Leila Zerrougui dans un compte-rendu de l’actualité des Nations unies en RDC, publié mercredi 29 avril 2020. Leila Zerrougui estime que « plus que jamais, les autorités nationales et provinciales ont besoin du soutien de tous les partenaires pour faire face ».

Les Forces armées de la RDC (FARDC) sont actuellement engagées sur plusieurs fronts dans des opérations complexes et périlleuses, avec le soutien de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco).

Dans l’Ituri, où les territoires de Djugu et de Mahagi sont le théâtre de tueries des populations civiles depuis plusieurs mois, la Monusco a multiplié ses patrouilles dans les zones les plus vulnérables, y compris les camps de déplacés et le long de la route nationale 27. Elle renforce également sa présence militaire autour de Fataki.

La Mission onusienne, a par ailleurs, intensifié son soutien logistique aux militaires congolais, notamment en matière d’évacuations médicales des soldats blessés, ainsi que les vols de reconnaissance pour permettre aux FARDC de localiser les combattants armés.

La Monusco continue aussi à documenter les violations des droits de l’Homme. Pour ce faire, elle demande que les auteurs de ces crimes graves ne restent pas impunis.

Dans le Sud-Kivu, où les tensions dans les hauts-plateaux se sont aggravées ces dernières semaines, la Monusco a déployé plusieurs bases avancées en soutien aux FARDC. Cela a permis de contenir la situation et limiter l’action des groupes armés dans une certaine mesure, notamment à Bijombo, Mikenge et Minembwe.

Outre l’appui tactique en renseignement et en soutien aérien, la Mission onusienne facilite logistiquement le déploiement des renforts FARDC, le transport d’équipements et les évacuations médicales.

Ces dernières semaines, les Casques bleus ont aussi contribué à sauver des centaines de vies humaines lors des inondations meurtrières survenues à Uvira.

Enfin, au Nord-Kivu, la Mission onusienne poursuit son appui aux FARDC dans la lutte contre les ADF qui continuent, à leur tour, de s’en prendre à la population civile pour tenter de décourager les opérations en cours contre leurs positions.

La représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu en RDC a rappelé la nécessité de poursuivre les efforts de stabilisation en suivant une approche globale : d’un côté, fermeté et pression maximale sur ceux qui refusent de rendre les armes, de l’autre, mise en place de mécanismes de résolution pacifique des conflits en accompagnant la restauration des fonctions régaliennes de l’Etat, au bénéfice des populations. Elle a aussi noté que le soutien des populations à leurs institutions, notamment les forces armées, était essentiel au succès des opérations en cours contre les groupes armés.

UN CHEF DES MILICIENS AUX ARRÊTS

Il est tombé dans le filet des forces régulières. Chance Mihonya, l’un des chefs de la milice Raia Mutomboki, a été capturé le week-end dernier dans le territoire de Kabare, au Sud-Kivu, au terme d’un assaut mené conjointement par les éco-gardes du parc national de Kahuzi-Biega et les éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), rapportent des sources onusiennes.

Réputé pour ses affres dans cette aire protégée du Sud-Kivu, Chance Mihonya était poursuivi pour plusieurs infractions, notamment  »la destruction de l’écosystème et l’exploitation illicite des minerais ». On l’accuse également d’avoir enlevé des agents du parc de Kahuzi-Biega et d’avoir causé mort d’hommes, indique Radiookapi.net.

Soulagement et satisfaction

Ancien officier des FARDC, Chance Mihonya a déserté les rangs de l’armée régulière pour se livrer à la vie de milicien. Selon des sources locales contactées le lundi 25 mai, ce chef des Raia Mutomboki a longtemps opéré au sein de cette aire protégée, avant d’être saisi. Il se trouve, pour le moment, entre les mains de la justice militaire.

A l’annonce de la nouvelle, l’Institut Congolais pour la conservation de la Nature (ICCN) s’est réjoui de cette arrestation qui remet en confiance la population vivant autour de ce parc national et nombre de partenaires de ce patrimoine mondial de l’UNESCO.

Egalement satisfaite de cette prise, la société civile de Kalehe (Sud-Kivu) réaffirme sa volonté de continuer à collaborer avec l’armée nationale. Résolue à dénoncer les malfaiteurs, elle demande à la justice militaire de prendre des sanctions exemplaires contre ce prévenu.

LES ADF TUENT 55 PERSONNES À NYAKUNDE

Dans le territoire d’Irumu, en Ituri, les islamistes ougandais des ADF ont opéré en deux temps. Lundi soir, ils ont frappé la localité de Ndala où ils ont tué et découpé à la machette quinze personnes. Un jour après, aux mêmes heures, ils se sont déversés sur l’agglomération de Nyakunde où ils ont fauché 40 personnes, en prenant soin de les découper aussi à la machette. On imagine l’horreur pour la population qui a vidé toute la contrée pour aller se réfugier à Komanda, à 86 km de Bunia.

C’est le Président de la Coordination de la Société civile du territoire d’Irumu qui a donné ces informations hier. Sur le plan humanitaire, la localité de Kamanda est dépassée par ce flot ininterrompu de la population qui fuit en masse ces tueries des ADF à Nyakunde et à Ndala pour aller se réfugier à Komanda. Aujourd’hui, cette contrée se retrouve avec un trop-plein de déplacés. D’autres déplacés ont pris la route du Nord-Kivu voisin où ils sont accueillis à Oïcha, non loin de Mbau, chef-lieu de Beni-Territoire.

Au total, 55 morts ont été enregistrés endéans 48 heures. On n’avait jamais (vu) cela. Même dans la région de Beni où les populations sont martyrisées par les islamistes ougandais des ADF. Ceux-ci, pour une raison inconnue, ont décidé de changer de territoire en installant leurs quartiers à Irumu en Ituri, où ils poursuivent leur campagne de terreur comme dans la région de Beni.

Ils se livrent à des massacres à grande échelle de la population, à qui ils laissent des dépouilles sauvagement découpées à la machette. Leur objectif est de faire paniquer la population civile et la pousser à fuir en masse, pour aller se réfugier loin et leur laisser des villages vides.

Ce manège est déjà pratiqué dans des attaques dans la région de Beni, mais elle a eu des limites. Car, au fait, aucune localité n’a totalement été vidée de ses habitants comme projeté par les islamistes ougandais des ADF.

En désespoir de cause, ceux-ci déménagent pour l’Ituri, où ils s’installent dans le territoire d’Irumu. Depuis leur délocalisation, ils ont attaqué quatre localités d’Irumu, en tuant chaque fois sept personnes et en les découpant à la machette.

Et c’est à Nyakunde que les islamistes ougandais ont atteint la cime de 40 morts qui symbolisent le degré de l’horreur. Pour quelque chose que les Congolais ne comprennent pas du tout.

En effet, que ce soit à Beni, dans le Nord-Kivu, ou en Ituri, les motivations des carnages répétitifs perpétrés par des Ougandais des ADF demeurent mystérieuses.

(avec lePotentiel et forumDesAs)

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