Le « Non » des chefs de confessions religieuses en Rdc qui ne veulent pas piloter le Fonds de solidarité contre le covid-19 est une claque qui vient affaiblir un président apparaissant de plus en plus comme un charlatan. C’est un revers pour Fatshi, lui qui croyait comme le dit cet adage « être sage n’est qu’un sot ». Voulant donner une autre image des affaires éclaboussant son directeur de cabinet Kamerhe, affaires dont le président congolais est comptable et doit être aussi poursuivi par la justice pour complicité factuelle, le bon sens est de s’interroger sur les capacités réelles de Tshisekedi de diriger le pays. Arrêtez monsieur le président rétrograde d’illustrer votre impéritie et inexpérience.
Il y a beaucoup de maladresse dans la procédure de nomination des chefs de confessions religieuses pour gérer au quotidien l’argent et dons permettant de lutter contre le covid-19. En jurisprudence générale, toute nomination de hauts responsables appartenant aux partis politiques ou grandes organisations non gouvernementales requiert un consentement réciproque de deux parties. Contrairement à la doctrine de Gaston Jèse qui considérait que l’acte de nomination dépendait dans le stricto sensu de la volonté de l’administration pour produire des effets de droit, mais aujourd’hui cette doctrine est vigoureusement battue en brèche. Le consentement des personnes visées par l’acte de nomination est en définitive indispensable pour que la désignation soit effective et non contestée par l’autre partie. C’est qu’on appelle la nature bilatérale dans la procédure de nomination des hautes responsabilités dans la république. Pourquoi parle-t-on des consultations dans le cadre de la formation d’un gouvernement ? On arriverait pas à ce désaveu cinglant. En raison de votre amateurisme politique, monsieur Felix Tshisekedi, vous n’avez plus la baraka. C’est une leçon de bonne gouvernance des décisions politiques que vous recevez. Fatshi n’a jamais rien compris que les confessions religieuses n’ont jamais été malléables comme les hommes politiques congolais aux vieux réflexes de prédation, de délation, de corruption.
Le rôle de confessions religieuses en général et de l’Eglise catholique en particulier n’est pas celui de gérer des fonds provenant des différents partenaires à l’instar d’une banque. C’est trop stupide de conférer dans un pays une mission de telle ampleur à une quelconque Eglise. Le synode africain de l’Eglise catholique qui a eu lieu à Rome du 4 au 25 octobre 2009 s’était penché sur la question de la contribution de l’Eglise catholique en Afrique à l’édification de sociétés réconciliées, plus justes et paisibles. Les fonctions de l’Eglise sont celles : d’éduquer le monde au sens religieux en proclamant le Christ, de remplir le rôle de sentinelle appelée à jouer un rôle prophétique en faveur de l’humanité souffrante. C’est pourquoi l’Eglise catholique en agissant en collaboration avec toutes les composantes de la société civile doit dénoncer l’ordre juridique qui empêche les citoyens de jouir du plein épanouissement de l’être humain.
Nous ne pouvons que saluer l’excellence de la réponse négative des chefs de confessions religieuses qui par principe ont mis en exergue les missions leur dévolues : celles d’accompagner le pays dans la gestion de ce fonds et non de le gérer au quotidien. De ce « Non » catégorique, le président congolais ressort comme un apprenti chef de l’Etat qui se fait dézinguer à « tout va » par les chefs de confessions religieuses. Il y a quelques mois, monsieur le président, vous brandissiez la menace de dissoudre le parlement congolais, est-ce que ignorez vous qu’il y a des lois de la république qui ne vous autorisent pas de le faire quand bon vous semble ? Ignorez-vous que le concept de l’unilatéralité dans l’acte de nomination en démocratie dans un Etat de droit n’existe pas ? A condition que vous soyez un dictateur.
(Professeur Florent Kaniki)